
Cela fait quelques temps déjà que je suis la saga Jane Hawk de Dean Koontz. J’avais adoré La Chambre des murmures, j’avais été emportée par L’Escalier du diable et je me faisais donc une joie de plonger vers La Porte interdite. J’ai eu la chance de le lire en avant première, sa sortie étant prévue pour le 4 février. Et je n’ai pas boudé mon plaisir. Si vous n’avez pas lu L’Escalier du diable ou les tomes précédents, et que vous souhaitez le faire, je vous déconseille de lire la chronique en entier, je ne voudrais pas vous gâcher la découverte.
Dans La Porte interdite, Jane Hawk surnommée par la presse « Le Beau Monstre » est inculpée pour espionnage, trahison, meurtres, alors qu’elle est toujours en cavale et qu’elle est innocente de toutes les charges qui pèsent sur elle. L’organisation des Arcadiens resserre son étau pour essayer de la coincer tandis que la jeune femme contre-attaque inlassablement, jusqu’à ce que son fils soit menacé. Un combat sans merci s’engage en espérant que la Porte interdite ne soit pas franchie.
Nous reprenons les aventures de Jane exactement là où nous les avions laissées : elle, tout juste rescapée d’une confrontation violente, son fils en proie aux tourments puisque les personnes chargées de sa sécurité ont été tuées et qu’il est donc sans protection. Cette entrée en matière crée bien entendu une tension intense dès le début du roman. Le lecteur perçoit le sentiment d’urgence qui est imprimé et se montre des plus attentifs. Cela offre un début à l’intrigue resserrée sur l’essentiel: l’auteur ne perd pas de temps à nous rappeler les choses longuement, il glisse les des allusions aux faits importants du tome précédent et nous permet ainsi d’embarquer dans une folle équipée – sans nous sentir perdus. Il m’a fallu l’espace d’une vingtaine de pages pour replacer tout le contexte dans ma tête, alors que j’avais dévoré le tome précédent il y a un an. Ainsi, la gestion de la jonction entre les tomes est presque parfaite… je dis presque seulement parce qu’il y a parfois quelques redites dans les rappels concernant les personnages. Vu la multitude d’individus qui poursuivent Jane, ce n’est pas forcément superflu, mais lorsque le rappel apparait deux fois, je trouve que l’un des deux est en trop. J’ai bien conscience de pinailler, mais je me suis vue lever les yeux au ciel une fois ou deux parce que je souvenais très bien de qui on me parlait et que je me sentais infantilisée par ce deuxième rappel.
Dans la Porte interdite, ne vous attendez pas à la résolution de l’histoire de Jane. C’est peut être le deuxième chose qui m’a frustrée – alors que j’étais prévenue! Ici, vous trouverez une course contre la montre pour sauver un enfant et pour échapper à un piège aussi cruel que pervers. Tous savent dans quelle région se trouve Travis : Jane et les Arcadiens convergent vers ce lieu, pour mettre la main sur lui. Les Arcadiens déploient leur toile, attirant la mère désespérée par la menace sourde qu’ils laissent planer, ils se constituent une petite armée de Modifiés pour servir leurs plans et démontrent une fois de plus qu’ils ont gangréné chaque sphère de la société. De son côté, Jane s’entoure de personnes rencontrées au gré de ses mésaventures : des belles personnes qui partagent le goût de la Justice et de la Liberté. Cela devient le moineau becquetant le chasseur (pour parodier Hugo) : trois personnes chargeant un contingent avec pour seule armure quelques armes, une détermination sans faille et le sentiment de bien agir.
Finalement, ce tome est comme un temps suspendu. En réalité, l’action qui se passe entre ces pages est condensée sur quelques jours – signe que l’action est trépidante – et permet surtout de redistribuer les cartes entre belligérants. Temps suspendu ne veut donc pas dire ennui et manque d’actions. En fait, avec La Porte interdite, une faille dans le plan des Arcadiens se dessine : certains Modifiés ouvrent la Porte interdite et la chambre des murmures devient l’antre du diable. Les créatures peuvent aussi se rebeller et mettre à mal le plan de leur créateur. Ce ressort de l’intrigue redynamise le récit et permet d’éviter que ce volume ne soit qu’une énième chasse à l’homme. Arrivé en fin de tome, la situation de Jane n’est pas radicalement transformée mais l’équilibre des forces en présence laisse entrapercevoir une lutte intéressante dans la suite.
Dans ce roman, la présence de Jane se fait un peu plus diffuse. Nous la suivons bien sûr, mais l’auteur s’attache aussi à nous montrer – avec des détails peu flatteurs – les personnes qui appartiennent aux Arcadiens. Nul doute que ces personnalités nous font frémir et qu’elles apportent un petit plus au roman en détaillant les tenants et les aboutissants de cette révolution. Nous découvrons des personnes égocentriques, avides de pouvoir et de reconnaissance, des personnes clairement instables à qui l’on confie un pouvoir inquiétant. Ces à-côtés dressent un portrait sombre des Arcadiens et légitime une fois de plus le combat de Jane. De plus, le duo Cornell – Travis est très présent pour notre plus grand bonheur. Il ajoute un zeste de douceur, de bienveillance et d’humanité au beau milieu de la force brute, de la violence et de l’horreur. La relation que tissent Cornell et Travis est très touchante. C’est l’élément que j’ai préféré dans ce volume et j’en redemande tant ce duo fonctionne à merveille. Chacun apprend de l’autre, grandit, évolue en un élégant partage empli de bonté.
Ainsi, La Porte interdite a le défaut de ses qualités. C’est un roman frustrant parce qu’arrivés au terme, nous ne pouvons guère savoir si Jane s’en sortira, mais il est aussi trépidant et intéressant puisqu’il ajoute de nouveaux pions sur l’échiquier et redistribue les cartes, donnant de nouveaux atouts à Jane tout en nouant une belle amitié qui soulage un peu le cœur du lecteur.
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