
Cela fait un moment que Les Mémoires d’un chat d’Hiro Arikawa me font de l’œil. Je les ai achetées en version numérique lors du confinement au printemps dernier, et c’est tout naturellement que je les ai intégrées à mon Pumpkin Autumn Challenge dans « Siroter un chocolat chaud sous les saules » du menu Automne Douceur de vivre (feel good, anthropomorphisme….).
Le héros de ce roman, c’est Nana, un chat dont la queue forme un 7, un chat qui se trouve une famille auprès de Satoru après avoir d’abord été chat errant. Mais un jour Satoru doit se séparer de son chat adoré et entame une série de voyage auprès d’amis d’enfance pour essayer de lui trouver une bonne famille… C’était sans compter sur la détermination de Nana à rester près de son humain.
Le ton de ce roman est résolument drôle. Les premières pages sont un petit bijou d’humour et d’ironie féline qui parlera à tout humain vivant chez son chat, ou à tout humain cohabitant avec un félin, à vous de voir comment vous le formulez. Nana, qui ne se leurre pas sur le ridicule de son prénom pour un noble matou de sexe masculin, raconte sa rencontre avec Satoru avec une gouaille jubilatoire. Il nous régale de commentaires amusants, parfois mesquins, et nous offre un moment rafraîchissant et hors du temps. J’ai ri avec lui de certaines situations et je me suis vite prise d’affection pour Satoru et son grand cœur. C’est pour cela que sa décision de confier Nana à quelqu’un d’autre est incompréhensible, et en amoureuse des bêtes que je suis, je me suis immédiatement distanciée… pour mieux flairer le drame, bien entendu. En effet, une des forces de ce roman réside dans l’alternance des tonalités : la plume de l’auteur sait se faire tour à tour drôle, lyrique, douce et tragique, si bien que j’ai fini ma lecture en pleurant à chaudes larmes, chose suffisamment rare chez moi pour être soulignée. Il y a beaucoup de choses qui m’ont atteinte en plein cœur dans ce roman : le lien entre Satoru et Nana, leur amour indéfectible, l’histoire personnelle de Satoru, la chute du roman à la fois belle et terrible, pleine d’amour et de douleur.
Nana est un personnage à part entière ici, truculent et fantasque. Il est à la fois sauvage, indépendant et terriblement attaché à son humain. Ainsi, il trouve de nombreux subterfuges pour rester avec lui, contre vents et marées, et au passage il aide aussi les autres. Avec peu de choses, il comble ceux qui l’entourent et les aident à évoluer, à changer, à trouver la paix, et c’est un vrai plaisir de découvrir tout ça à travers les yeux de Nana, justement, qui ne se prend pas vraiment au sérieux (enfin, ça dépend pour quoi!).
J’ai adoré les voyages que Satoru entreprend avec Nana. Ils sont le moyen de faire des découvertes, de donner à entendre l’amour qui les lie, mais aussi de découvrir l’histoire personnelle de Satoru. Et, si une chose est certaine, c’est que ces deux là se sont bien trouvés. Ils n’ont eu ni l’un ni l’autre une vie facile et pourtant, ils restent joyeux, positifs et profondément gentils. Ces deux êtres m’ont vraiment touchée car chacun d’eux a, à sa façon, cette intelligence du cœur qui est si essentielle à mes yeux. Plus nous avançons dans les révélations et plus les deux s’ancrent dans notre tête et dans notre cœur. En conséquence, la fin ne peut agir que comme une lame acérée qui tranche les liens que nous avons tissés et qui nous arrache des êtres chers. Pour autant, la tendresse irradie de ces dernières pages et tempère la sensation d’arrachement que nous pouvons ressentir. Cela fait une semaine que j’ai fini ma lecture, il m’a fallu ce temps de pause (de pose!) pour digérer et faire mienne l’histoire. Après une semaine, ce qui domine est justement l’amour et la tendresse entre un chat et son humain, à chaud, la dominante me semblait tout autre, et je crois que c’est là aussi un signe de la qualité de l’œuvre : nous apprivoisons doucement l’écho, le sillon qu’elle a su creuser en nous, et le roman nous accompagne longtemps après avoir tourné la dernière page. Aucun doute, c’est une lecture que je vais partager et offrir.
Ainsi, j’ai adoré la lecture des Mémoires d’un chat. Je suis passée par toutes les émotions et c’est, à mon sens, la preuve que cette lecture ne laisse pas indifférent et qu’elle sait nous atteindre au plus profond de nous même. C’est un roman tendre et beau, empli de mésaventures et de douleur, avec en note de fond un amour indéfectible qui porte et permet de supporter beaucoup.
Je crois qu’il trouvera largement sa place dans une PAL japonaise, littérature que je lis trop peu. Ton retour donne vraiment envie de le découvrir ! 🙂
J’aimeJ’aime