Les Amants du Mont-Blanc, Christophe Ferré.

Il y a quelques années, j’ai découvert Christophe Ferré avec Mortelle tentation, un roman que j’avais apprécié et cela m’a donné envie de découvrir son nouveau titre, Les Amants du Mont-Blanc, lorsque j’en ai eu l’occasion.

Comme son titre l’indique, l’intrigue de ce livre se passe au pied du Mont-Blanc. Léa, journaliste spécialisée dans les cold case, se rend sur les lieux d’une tuerie vieille de trois ans, un crime qui s’est déroulé à la veille du confinement. Elle entend bien élucider l’affaire, mais sa présence dérange… Manifestement, on essaie de la faire fuir, ou de la faire taire.

La première chose, dans ce roman, qui m’a frappée, c’est la place que prend la montagne dans l’intrigue. Le cadre n’est pas ici un simple décor, elle est un élément à part entière. Les personnages s’y promènent, s’y perdent, y réfléchissent, s’y cachent, y disparaissent et y meurent. Les bois, les reliefs deviennent un double de l’enquête : il y a des chemins caillouteux, des embûches, des faux plats, des ennemis tapis dans l’ombre des sous-bois, guettant le marcheur imprudent. Cela confère au livre une atmosphère singulière, hors du temps, une lenteur certaine aussi.

De fait, la résolution de cette enquête relève d’une ascension difficile, pénible, c’est un projet qui nous laisse croire un temps que Léa a présumé de ses forces, en s’attaquant à une affaire trop résistante. Les habitants de la région fuient toute presse, craignant de ternir encore l’image de la vallée, la justice évite de faire fuiter la moindre information – échaudée par le manque de résultats de leur enquête, les personnes présentes lors de la tragédie dans les hôtels et les boutiques craignent de décourager les clients en rappelant le drame. Tous mettent des bâtons dans les roues à Léa, et ceux qui parlent ne sont pas toujours dignes de confiance. Les théories farfelues se succèdent, les rumeurs vont bon train autour d’un verre ; et, à chaque nouvelle information, à chaque langue qui se délie, le mystère s’opacifie tant les idées et les pistes s’entrechoquent. Rien n’est clair, rien n’est simple et il se pourrait fort bien que les responsables n’y soient pas étrangers. Léa subit les intimidations, essuie les revers et doute toujours un peu plus. C’est dans ce contexte que le lecteur est lâché.

Je dois malheureusement reconnaitre que cette atmosphère ne m’a pas séduite. Il y a trop de sur place, trop de redondances, trop d’effets d’échos entre le récit et le journal que tient Léa et que nous lisons par bribes. La rythmique du récit a causé mon essoufflement et a émoussé ma curiosité. J’en suis la première désolée parce qu’en soi, l’idée est très intéressante et j’adore les cold case. Je pense aussi que cela coïncide avec un moment où j’ai plus de mal à lire, mon bébé me sollicitant beaucoup, la réception du livre aurait peut être été moins difficile si j’avais plus de temps et que j’étais plus reposée.

Les personnages sont plutôt bien campés. J’aime le caractère bien trempé de Léa, elle est téméraire, déterminée mais aussi très humaine : sa pugnacité, sa combativité en font une enquêtrice de talent, mais elle est aussi capable de se laisser duper par les uns, de soupçonner à tort les autres, elle peut être maladroite et blessante, comme tout un chacun. Ses errances en cours d’enquête en font un personnage proche de nous. Du reste, elle tient à la vérité, à la justice et elle fait de son mieux pour accomplir la mission qu’elle s’est donné. Son acolyte est délicieusement discret. Il l’aide, l’accompagne mais vaque à ses occupations aussi, entretenant un flou sur ses motivations réelles, et cela est très efficace. La galerie de personnages s’étoffe de rencontre en rencontre. Certains sont presque transparents, d’autres consistants et véhéments. Chacun relance à sa façon l’enquête de Léa en l’infléchissant, en l’orientant ou en l’envoyant dans un cul-de-sac. En cela, il n’y a pas de superflu et c’est agréable.

J’ai réellement apprécié la chute. Le renversement de situation qui se fait jour est savoureux. Léa se trouve défaite mais n’est pas à terre, elle se débat dans un ultime sursaut. Il faut dire qu’elle devenait un petit peu mièvre et qu’il était temps qu’elle se réveille. La fin choisie par l’auteur apporte un éclairage intéressant sur les personnages, ajoute du sel à l’intrigue et redynamise un récit qui s’enlisait un peu trop à mon goût.

Ainsi, Les Amants du Mont-Blanc est un récit agréable, un polar intéressant, basé sur des faits réels. Il suit la dynamique d’une véritable cold case si bien que le récit trépigne parfois. La lenteur que cela génère ne m’a pas emballée et je ressors un peu déçue de ma lecture. Pour autant, cela ne m’empêchera pas de tester le prochain roman de l’auteur.

Une réponse sur « Les Amants du Mont-Blanc, Christophe Ferré. »

  1. Chère lectrice, merci vivement pour cette chronique très argumentée. Mon nouveau roman s’intitule « La Disparue de Belle-Ile », actuellement publié en avant-première chez France Loisirs. Amitiés. Christophe Ferré

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