Mortelle tentation, Christophe Ferré.

Mortelle tentation par Ferré       Mortelle tentation est mon premier roman de Christophe Ferré. Je trouvais le résumé intéressant et la couverture, juste sublime. Il ne m’en faut pas plus pour sauter le pas et plonger vers de nouvelles plumes!

      Une jeune femme est retrouvée assassinée en pleine montagne, Alexia ne la connaissait pas, mais par un étrange hasard, son mari faisait une randonnée dans le même coin, un mari qui ne donne plus signe de vie. D’abord inquiète à l’idée que l’amour de sa vie ait pu faire une mauvaise rencontre, elle en vient à douter, ses convictions vacillent… Et si son mari était l’assassin?

      J’ai tout d’abord été stupéfaite par la fluidité de cette lecture. Je l’avais à peine entamé que les pages se tournaient, les chapitres défilaient et je m’avançais toujours plus avant au cœur de l’histoire. Le style de Christophe Ferré n’y est pas pour rien : simple sans être simpliste, doux -d’une certaine manière-, il nous emporte tambour battant vers la suite. L’alternance des chapitres relativement courts vient également rythmer cette progression et nous tente. Bien souvent, tombant de fatigue, je me suis laissée convaincre de lire « rien qu’un petit chapitre de plus ». Pari réussi donc : nous avons envie de poursuivre aux côtés d’Alexia et de comprendre. La douceur inhérente à ce roman est liée à l’histoire elle-même : fan de thriller et de polar durs et violents, passez votre chemin. Ici, le crime est violent, mais pas décrit avec force détails, certaines scènes sont brutales mais elles ne sont pas légion. Le roman se caractérise plutôt par une atmosphère pesante, liée aux doutes constants, à la peur de savoir mêlée au besoin de trouver la vérité.

     Le récit en lui-même nous réserve quelques surprises. Autant l’inquiétude d’Alexia pour son mari nous touche relativement peu, autant ses soupçons nous tiennent en haleine. La structure est d’autant plus efficace qu’à chaque fois que nos doutes s’essoufflent, un élément les relance, un indice, un détail si bien que nous aussi nous devenons des girouettes convaincues de la culpabilité de Peter puis, l’instant d’après,  prêtes à croire en son innocence et en une terrible machination toute droit sortie d’une salle obscure. Ces mouvements de va et vient entre innocence et culpabilité, nous les garderons presque jusqu’au bout, et comme l’héroïne, nous y perdrons notre latin! Jamais le narrateur ne nous aide à y voir plus clair, si bien que nous sommes nous aussi perdus au gré des différentes versions, des témoignages nouveaux, des rebondissements. J’ai apprécié de me retrouver dans la même situation qu’Alexia. Cela permet d’épouser son point de vue tout en suscitant notre intérêt. Bien entendu, j’ai suspecté certaines personnes avant notre héroïne, mais aucune preuve n’étayait mes soupçons. La révélation n’en a été que plus agréable.

      L’auteur parvient à créer des personnages intéressants mais pas dénués de défauts. J’ai tout de suite été agacée par le juge, comme notre héroïne d’ailleurs. Dès le début, nous avons l’impression qu’il est partial, et cela vient précisément de la manière de le présenter. Dès le début, nous nous méfions de José car la première rencontre avec lui est assez musclée. A contrario, nous sommes plutôt enclins à faire confiance à la meilleure amie, Chloé, ou à Léo… Et pourtant, les apparences sont parfois trompeuses.

     Par contre, un certain nombre d’éléments m’a dérangée chez ces personnages. Peter est détestable. Il y a une scène de viol conjugal qui reste en travers de la gorge de la femme que je suis d’ailleurs. Alexia est un personnage assez ambivalent également. Le lecteur la plaint, bien entendu, mais elle est aussi agaçante. Je reconnais en avoir eu parfois assez de l’entendre répéter « l’amour de ma vie » à tout bout de champ, ses convictions s’effritent parfois un peu trop vite pour être crédibles. Elle passe trop vite d’un extrême à l’autre et devient manichéenne dans le dernier tiers du roman. J’ai un peu de mal, en tant que femme, à trouver ce personnage totalement crédible. Pour autant, elle reste plutôt sympathique et j’avais très envie d’avoir le fin mot de son histoire.

        Ce roman me laisse une étrange sensation, comme si j’étais moi aussi déroutée. J’ai envie d’écrire qu’il se passe finalement peu de choses mais que l’intensité dramatique est bien présente grâce à l’héroïne. Et pourtant, en y repensant, nous avons pas mal de choses : des courses poursuites, des menaces, des aller-retours vers d’autres villes. Il se passe beaucoup d’événements, mais le noyau dur reste les sentiments d’Alexia, de la femme blessée, inquiète, presque brisée. C’est pour cette raison que ce roman policier reste assez doux également. L’alliance des deux fonctionne donc bien, oscillant entre passages dignes d’un thriller psychologique et parties plus enlevées. Je trouve l’équilibre très intéressant et cela me plaît bien de me sentir un peu perdue : c’est la preuve que la plume est efficace et qu’elle m’a emportée!

      Vous l’aurez compris, Alexia attend, angoissée, la réponse à ses questions, reconstruit, imagine, élucubre, enquête, demande conseils…. et se fourvoie. La plume se fait presque nerveuse pour retranscrire la tension de la jeune femme. Le lecteur suit un cheminement analogue. Il analyse, essaye de comprendre, a parfois envie de secouer l’héroïne pour qu’elle se réveille, mais il cherche toujours à reconstruire ce qui s’est passé. Alors, oui, parfois le trait semble outré et semble digne d’un film… mais cela fonctionne malgré tout. Jusqu’au bout, j’ai eu envie de comprendre quel était le degré d’implication de chacun, qui était véritablement coupable et pourquoi.

      Ainsi, j’ai passé un bon moment avec Mortelle tentation. Le roman a des qualités indéniables. J’ai beaucoup aimé la plume de l’auteur, efficace et nerveuse et, si j’ai des réserves, elles ne m’ont pas empêché de littéralement dévorer le livre. Je pense que je lirai ses autres romans pour voir si les personnages sont différents. 

3 réponses sur « Mortelle tentation, Christophe Ferré. »

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