Sur un arbre perché, Gérard Saryan.

J’avais quelques appréhensions en ouvrant ce roman. Maman d’un petit garçon, la thématique joue de ce thriller sur une des pires peurs de parent, alors je tremblais avant même de me faufiler entre les pages. Pour autant, le résumé m’a suffisamment intriguée pour que je me lance.

Sur un arbre perché évoque la douloureuse situation d’Alice et de son compagnon. Alors qu’elle accompagne ses beaux-enfants, Dimitri, 4 ans, disparaît. Il a été enlevé et elle, la belle-mère, a le mauvais rôle : celui de la femme qui a manqué de vigilance. Rejetée et incomprise, rongée par la culpabilité, elle n’aura de cesse de lutter pour retrouver l’enfant, au péril même de sa vie.

Dans ce thriller, l’auteur parvient parfaitement à rendre le sentiment d’urgence ainsi que la culpabilité qui ronge Alice. Le lecteur sent l’inquiétude monter puis se muer en une panique qui ne quittera plus l’héroïne. Nous sentons le désespoir qui s’abat sur elle, qui dévore tout sur son passage, qui isole. Nous sentons toute l’ambivalence de la posture de belle-mère : assez « mère » pour pouvoir s’occuper des enfants et assurer le quotidien, pas assez « mère » pour être légitime dans sa peine. Un paradoxe qui – bien évidemment- accroît le drame. Jugée par les uns, vilipendée par les autres, Alice est rarement regardée avec compassion et quand c’est le cas, c’est une compassion dégoulinant de mépris et de jugement, offerte comme une offrande que l’on jette du bout des doigts. Ainsi, un fossé infranchissable se creuse bientôt entre elle et ses proches, la poussant à lutter seule contre vents et marées.

Malheureusement, Alice ne subodore pas toutes les ramifications qui sous-tendent cette histoire et cet enlèvement. Elle se heurte bientôt à des obstacles bien plus gros qu’elle, qu’elle tente de surmonter, trouvant çà et là des alliés. Son chemin est à la fois admirable et excessif. Admirable pour son abnégation, excessif pour les risques pris. Animée par la force du désespoir, elle semble se perdre sur des pistes plus improbables les unes que les autres, et, plus d’une fois, le lecteur se demande si elle n’a pas perdu la raison.

Nous avons donc un rythme effréné dans ce thriller. Une véritable course contre la montre s’engage pour retrouver Dimitri, pour dénouer les fils et remonter jusqu’au coupable. Des trafics en tous genres sont mis au jour, des lieux sordides sont visités, des alliés sont tués, Alice elle-même souffre dans sa chair, est malmenée, droguée, mise au secret contre son gré. Le lecteur est alors pris dans une course folle et ne peut s’en extirper qu’une fois le mot « fin » atteint. Je suis absolument certaine que cette rythmique en séduira plus d’un. Il s’agit d‘un véritable tourbillon de rebondissements, sans temps mort, concourant tous à l’issue des plus inattendues.

Cependant, je n’ai pas été aussi emballée que j’aurais aimé l’être. Une partie des rebondissements m’a semblé excessive. A certains moments, j’ai soupiré en me disant que là, c’était trop romanesque, que le trait était outré, que l’ensemble était rocambolesque. Je ne rentrerai pas dans les détails de ces moments qui m’ont titillée pour ne pas gâcher le plaisir de la découverte aux autres, mais cela m’a refroidie et a retardé ma lecture.

Ainsi, Sur un arbre perché est un thriller absolument trépidant, aux mille et uns rebondissements. Il retrace très bien la douleur et l’angoisse des familles en butte avec la disparition de leur enfant. Malgré ses belles qualités, je n’ai pas été pleinement convaincue car il y avait des évolutions un peu trop sensationnelles pour moi dans ce livre. Mais, cela ne veut pas dire que ces détails- là ne seront pas les artisans de votre coup de cœur, à vous!

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