Qui a tué Rose? Claire Allan.

J’ai un peu honte, j’ai un retard monstre dans mes lectures et mes avis. Mon petit garçon ne me laisse pas beaucoup de temps libre tant il est vif et curieux, et, du haut de ses huit mois, il occupe mes journées avec une intensité certaine… puisque les siestes sont quasi inexistantes. J’aurais donc dû finir de lire ce livre aux alentours de Pâques… Je me rattrape un peu maintenant, et sais que ceux qui resteront ne m’en tiendront pas rigueur: la vraie vie passe avant la vie sur les réseaux même si j’adore partager avec vous. Qui a tué Rose? me faisait de l’œil parce que j’avais beaucoup aimé un roman précédent de Claire Allan : Ne la quitte pas du regard. Le bon point, c’est que ces deux romans sont très différents l’un de l’autre, pas d’effet de redite ou d’airs de déjà-vu.

Qui a tué Rose ? est un thriller dans lequel nous découvrons Emily qui assiste à la mort d’une jeune femme, fauchée par une voiture. La presse relaie ce fait divers terrible et, très vite, elle apprend qu’elle s’appelait Rose, qu’elle était l’épouse d’un célèbre écrivain, que son petit garçon se prénomme Jack, et qu’elle travaillait dans un cabinet dentaire. Emily est un peu perdue dans sa vie : un travail qui ne la satisfait pas, une vie sentimentale en ruines… et elle se met à rêver au bonheur dont jouissait Rose avant d’être tuée.

L’intrigue de ce roman est intéressante. Les personnages ici ne sont pas monolithiques. Donna est gentille, mais cache des secrets que nous pouvons entrapercevoir si nous sommes attentifs à ses attitudes, Owen est également plus que ce qu’il laisse entrevoir ; Cian, le veuf éploré, a de multiples facettes et elles ne sont pas toutes reluisantes ; Emily enfin est un camaïeu à elle seule d’émotions, de contradictions, de fêlures et de rêves fleur bleue. Soyons honnête : Emily m’a largement cassé les pieds, à plus d’une occasion : ses rêves de midinette, son absence totale de lucidité, son envie… ce sont autant de choses qui la précipitent dans la gueule du loup. Il y a aussi quelque chose de malsain dans sa façon d’envisager de reconstruire sa vie : elle est très égocentrée, mais elle enjolive tout ce qu’elle voit. Elle confond apparence et réalité, oublie qu’il y a ce que l’on montre aux autres et ce que l’on ressent profondément. Emily, c’est la jeune femme qui veut croire que le monde est beau et gentil, que sa seconde chance est à sa portée quitte à devenir quelqu’un d’autre, à se confectionner un rôle pour devenir celle qu’elle croit que les autres veulent voir. En filigrane, nous voyons apparaître une réflexion sur l’être et le paraître, sur le conformisme, sur la banalité du mal, sur la jalousie mais aussi et surtout sur les réseaux sociaux – et sur ce que l’on partage dessus, idéalisant nos vies, ne montrant que des instantanés plus ou moins révélateurs de la réalité.

Le roman nous réserve de nombreux rebondissements, en grande partie grâce aux personnages : chaque nouvelle facette de l’un ou l’autre apporte un petit quelque chose qui brouille les pistes. Le cerveau du lecteur est en ébullition : il soupçonne l’un(e), puis l’autre, échafaude de nouvelles théories, balayées par un autre détail qui le pousse à retravailler son scénario et à suspecter quelqu’un d’autre. Il faut dire que beaucoup de personnages ont des défauts suffisamment puissants et tenaces pour les faire paraître particulièrement suspects!

L’intrigue avance donc par à coups. L’entrée en matière est un peu longue, et parfois confuse, puisque nous voyons les choses majoritairement à travers le spectre d’Emily, or, elle n’est pas la personne la plus stable. Son attitude au début entretient un flou qui met mal à l’aise, et m’a freinée dans ma lecture. Des rebondissements s’enchaînent ensuite redynamisant le récit au gré des éléments nouveaux. L’enchaînement des révélations est efficace, mais je n’ai pas été pleinement convaincue malgré tout parce que le personnage de Rose m’a agacée. Je crois que le point d’achoppement est là dans cette lecture : l’héroïne m’a consciencieusement tapé sur les nerfs. J’ai retrouvé en elle ce que je n’aime pas chez les héroïne de romance… et la fin de ce thriller est beaucoup trop fleur bleue pour moi. Je la trouve à la limite du niais. Encore une fois, mon allergie à la romance et mes propres goûts font que je le ressens ainsi, et peut être que ce sera exactement ce qui vous plaira.

Ainsi Qui a tué Rose? est une lecture en demi-teinte. Objectivement, ce roman a des qualités, la chute est bien amenée, les rebondissements complexifient l’intrigue et floutent suffisamment les choses pour que la fin soit inattendue, les personnages sont travaillés et intéressants, mais ne correspondent pas au personnel de roman que j’aime voir évoluer.

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