Ne la quitte pas du regard, Claire Allan.

Je poursuis ma découverte de nouveaux auteurs de polars. Ne la quitte pas du regard est mon premier roman de Claire Allan, et comme souvent, j’ai découvert cette nouvelle plume avec mon amie Clémence. Son avis est d’ailleurs déjà en ligne, vous pourrez le trouver ici.

Dans ce roman, nous suivons Eli, une future maman dont la grossesse s’avère bien compliquée: elle est vraiment malade, trouve son mari distant et elle reçoit bientôt des messages inquiétants lui suggérant de se méfier de lui, des messages de plus en plus précis dans leurs accusations et donc de plus en plus inquiétants et déroutants. Alors, plaisanterie de mauvais goût ou avant-goût de désastre?

Ce thriller a une structure assez classique désormais : chaque chapitre présente un pan de l’histoire vu par un personnage. Eli bien entendu est la principale protagoniste, elle est donc largement représentée, mais aussi Angela, sa mère et une certaine Louise.

Eli est complètement bouleversée. Sa grossesse – tant attendue – est plus qu’éprouvante, elle est à bout de nerfs, épuisée et inquiète. Elle se sent également menacée car les lettres anonymes qu’elle reçoit se font de plus en plus pressantes et de plus en plus accusatrices. Si je devais trouver un bémol : elle se laisse bien vite convaincre par tout cela et se laisse un peu porter. Sa mère, quant à elle, est une vraie maman poule, un rien possessive malgré tout. Les chapitres présentant Louise sont bien plus angoissants. Ce sont ceux là qui, au début, confèrent à ce thriller sa force et sa tension. Nous sentons une femme désespérée, acculée, prête à commettre l’irréparable. Et, subtilement la narration donne des informations qui aident à comprendre. J’ai malheureusement assez vite réalisé de quoi il retournait. Dès les cinquante premières pages, j’avais senti un flottement dans certains chapitres, puis j’ai eu un déclic. Et si… Effectivement, la suite du roman a confirmé mon intuition. J’ai donc découvert le pot aux roses arrivée aux deux tiers du livre.

Une fois l’identité de chacun et le secret brûlant pressenti, je n’ai pas pu me retirer cette idée de la tête, je mentirai si je disais que le roman n’avait pas perdu un petit je ne sais quoi, mais pour autant, la suite de la lecture n’a pas été gâchée. En effet, j’ai vraiment beaucoup aimé voir mes hypothèses se confirmer, touche après touche, détail après détail. Surtout, j’ai adoré voir comment la vérité affleurait, voir comment certains personnages se leurraient face à une vérité trop douloureuse et j’ai adoré voir les révélations ultimes et leur impact. Le roman ne perd donc pas de sa saveur, si, comme moi, vous devinez de quoi il retourne, mais il faut aller chercher le plaisir livresque ailleurs que dans la révélation du coupable. C’est juste un plaisir différent.

La rythmique du récit est enlevée et nous emporte au fil des pages. Un des avantages de ce roman est qu’il n’y a pas de temps mort. Nous avançons tout le temps, cela crée une dynamique assez addictive.

Le début se concentre sur Eli, sur une maternité loin des images sur papier glacé dont nous pouvons être assaillies. Elle a des nausées constamment, elle se sent mal, a du mal à s’attacher à cet enfant du fait même de ses nausées envahissantes et elle a peur du jugement des autres. Finalement, c’est intéressant aussi d’avoir ce type de récits sur la maternité pour arrêter de faire croire que c’est forcément et tout le temps une bulle de bonheur sans ombre. Le personnage de Louise permet d’évoquer la question du deuil périnatal, des grossesses arrêtées et de la souffrance psychologique qui y est associée. Une souffrance trop souvent banalisée encore dans notre société. Angela est la troisième : elle est la mère poule, celle qui n’a pas réussi à couper le cordon bien que son enfant soit adulte. Autant son empressement est touchant au début, autant il devient étouffant à la fin. Ce thriller est donc très féminin et cela fait du bien. Nous avons trois figures de mère finalement et trois souffrances différentes qui sont toutes à un moment ou à un autre des éléments moteur du livre.

La deuxième partie du récit fait monter la tension narrative : les sentiments sont exacerbés, les incidents se multiplient et le danger se rapproche. Ainsi, le lecteur est pris aux tripes et se demande comment cela va finir. Le maître chanteur est de plus en plus glaçant : les révélations font réellement froid dans le dos, de même que les actes de cette personne qui sont assez terrifiants quand on y réfléchit un peu.

Ainsi, Ne la quitte pas du regard est un très bon thriller. Si j’ai été un peu surprise de découvrir si tôt le fin mot de l’histoire, je n’ai pas boudé mon plaisir avec tous les autres aspects du livre : il est savoureux aussi de voir les indices qui devraient mettre la puce à l’oreille des personnages, et de les voir se débattre au milieu de tout cela. C’est donc une lecture que l’on dévore avec plaisir.

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