
Cette très courte pièce de théâtre attendait dans ma bibliothèque de travail depuis des années. Pièce à destination des classes de 6e, elle s’est imposée à moi pour préparer un atelier théâtre, et je me suis empressée de la ressortir de la pile. Alors, comme je suis en retard sur mes lectures… oui, cette année, c’est compliqué, je l’intègre au Pumpkin Autumn Challenge dans le menu Automne Douceur de vivre, catégorie « J’ai un dragon, et je n’hésiterai pas à faire feu » : anthropomorphisme, humour, cela cadre parfaitement avec cette petite pièce. Je valide donc un deuxième menu du challenge, si le temps et la vie réelle me le permettent, je doublerai cette lecture d’une autre, pour équilibrer, sans doute Bambi illustré par Benjamin Lacombe.
Une idée un peu loufoque parcourt cette petite pièce de théâtre : c’en est trop! Le Loup doit être jugé. Après tout, il a dévoré le Petit Chaperon rouge et sa grand -mère. C’est un crime. La justice doit statuer et décider ce qu’il faut faire de cet individu. Les témoins sont appelés à la barre, des victimes jusqu’à ceux qui côtoient le Loup dans la forêt.
La première chose à noter, c’est que cette pièce de théâtre se lit très facilement. Elle est très clairement adaptée à l’âge des enfants. Il y a bien sûr un peu de vocabulaire précis de la justice, mais rien d’insurmontable, d’autant qu’il y a des définitions en bas de page. Les personnages s’expriment dans une langue ni trop sophistiquée ni trop relâchée, ainsi, le lecteur peut savourer pleinement sa découverte.
L’humour imprègne ces pages et permet de casser l’aspect rigide et sérieux du procès incarné par le juge, le défenseur et l’avocat de la partie civile. Nous avons des personnages truculents : notre Loup tout d’abord, qui feint de ne pas connaître l’histoire, de s’offusquer de ce qu’on lui reproche. Il est amusant de le voir pinailler sur des détails et faire semblant d’ignorer des évidences. Le Petit Chaperon rouge est également amusante, son insouciance n’a d’égal que l’amitié qu’elle semble avoir pour le Loup, ce qui complique bien les choses pour l’avocat de la partie civile qui évacue tous les petits détails qui gênent son argumentaire. Les animaux de la forêt défilent et donnent une image sympathique de notre assassin présumé, certains n’assument pas leur présence dans le tribunal… ce qui crée un joyeux capharnaüm ! Mon personnage préféré reste la grand-mère, délicieusement décalée, qui est l’origine d’un comique déconcertant. Elle désarçonne les juges, elle amuse et rend ce procès complètement loufoque.
A cela s’ajoute une chute on ne peut plus savoureuse, qui coupe l’herbe sous le pied de tout le monde. Ainsi, tout est bien dans le meilleur des mondes, l’univers des contes est respecté, la gravité et la solennité du monde ordinaire ne s’applique pas à nos héros préférés et nous pouvons continuer à rêver à leurs côtés.
Le Procès du Loup est un réel bonheur à lire, c’est une courte pièce amusante, décalée, qui parle de Justice et de tribunal sans en garder le côté sérieux. Elle nous offre le plaisir de retrouver des personnages que nous aimons, dans un autre contexte, mais tout en conservant de la légèreté. Une jolie réussite.