Ecrit dans le sang, Edmonde Permingeat.

ecritdanslesang       L’année dernière, j’avais bien aimé Sans mon ombre d’Edmonde Permingeat (chronique ici). Quand j’ai appris que les Editions de l’Archipel publiait un nouveau roman de l’autrice, j’ai été intriguée et je suis enchantée d’avoir reçu en avant première le roman, d’autant que le litre « écrit dans le sang » a attisé ma curiosité.

      La jeune Maya, une belle rousse tombe en panne de voiture non loin du manoir de famille des Rascol. Elle y est accueillie, mais très vite, son attitude exacerbe les tensions entre les membres de la famille, et on ignore à quelles fins elle agit ainsi. Sa soudaine disparition, les taches de sang dans sa chambre laissent penser qu’un crime a été commis. Que lui est-il arrivé?

      Ecrit dans le sang est un polar qui se dévore : les pages fondent entre nos doigts, et c’est une lecture idéale pour l’été. Suspense, rebondissements, renversements de situation, tout est là et contribue à nous donner envie de poursuivre la lecture. La plume de l’autrice est fluide, sans accroc et sans style ampoulé, elle donne vie aux personnages, mais aussi à leurs turpitudes. Il ne faut pas s’étonner dans ces conditions de voir des passages un peu crus apparaître entre celui qui trompe sa femme avec des escort girls, des jeunes filles qui se prostituent pour financer leurs études et des adolescents – mais aussi des adultes- aux hormones en ébullition face à la plantureuse rousse qui s’immisce dans leur vie et joue de ses charmes.

     Certaines scènes mettent mal à l’aise, osons le mot. La relation entre les jumeaux Marion et Hugo est particulièrement dérangeante. S’ils sont fusionnels, ils fonctionnent aussi comme un couple par moments, et cela rend leur relation malsaine. Cette impression monte crescendo dans le livre : plus nous approchons de la fin, plus la tension et le malaise généré par les jumeaux croît. Dans ce livre, aucun personnage n’échappe aux turpitudes : l’orgueil, la vantardise, l’arrogance, la fierté, la malhonnêteté, la cruauté… nous retrouvons tout ceci par degré au fil de l’évolution des événements. Le personnage de Maya est lui aussi dérangeant. La jeune fille fait preuve d’une méchanceté sans borne, elle s’acharne sur tout le monde, y compris les plus gentils. Nous comprenons vaguement – à mi parcours – ce qui peut la pousser à agir, mais nous ne comprenons toute l’horreur de ses actes qu’à la fin.

     Les personnages sont finement préparés et mis en scène : Fréderic Rascol est parfaitement détestable. Son arrogance et sa suffisance exaspèrent le lecteur, sa femme Valérie n’est guère plus reluisante tant son caractère superficiel la dessert. Les jumeaux sont des monstres d’orgueil et d’égoïsme, chacun à leur manière. Stéphane Rascol est le pédant par excellence : infatué et ridicule, il nous désespère autant qu’il nous insupporte. Seul Clément et sa femme sont plus doux, mais leur douceur les conduit à se faire mettre en pièces par les autres membres de la famille, et l’autrice ne les épargne guère.

        La fin du roman s’avère ne pas être réellement ce qu’elle est. Je ne spoilerai pas, mais j’ai aimé la manière dont l’autrice nous induit en erreur. La fin que nous découvrons est vite balayée par une autre, plus douce et moins dérangeante, avant qu’un infime détail nous fasse basculer dans un entre-deux. Cette manière de jouer avec les attentes de son lecteur est à la fois saisissante et jouissive. Cela a permis de re-dynamiser in extremis l’intrigue alors que déjà la tension retombait. Cette fin, haute en émotions, permet donc de pleinement contrebalancer un début long à démarrer. En effet, l’arrivée de Maya est décrite en long, en large et en travers. Il faut un très long moment avant qu’elle ne disparaisse. Bien entendu, cela permet de préparer l’imbroglio familial, de constituer un mobile à presque toute la famille et j’en comprends l’intérêt dramatique; mais cela confère malgré tout une rythmique lente que la chute resserre en un tempo plus trépidant, pour notre plus grand bonheur. Pour conclure, je dirai que la grande force de ce roman réside dans sa fin : lorsque nous croyons avoir atteint les ultimes révélations, nous découvrons que nous avons été dupés de main de maître. Nous avons été emportés dans une récit enchâssé dont nous découvrons toute l’étendue. Ainsi, les personnages pour qui nous avions eu de la peine ont une nouvelle chance de s’en sortir, les autres… à vous de voir!

    Petit plaisir personnel, complètement hors sujet : pour la deuxième fois de ma vie de lectrice, j’ai rencontré, dans ce roman, un personnage qui se prénomme Armelle, comme moi. La première fois, c’était dans un roman de Sonja Delzongle, et c’était une nonne « aux allures de Pokemon sauvage », ici, c’est une jeune étudiante, séduisante… mais à qui il arrive des broutilles. Bref, ça m’a amusée de retrouver mon prénom, même si ça peut sembler un peu bête !

     Ainsi, Ecrit dans le sang est un excellent thriller. Il comble les attentes : une lecture fluide et dynamique, des personnages qui ne laissent pas indifférents – pour le meilleur comme pour le pire!- un malaise qui va crescendo et une chute aussi saisissante que déstabilisante. C’est une lecture parfaite pour l’été, d’autant qu’il paraîtra dans quelques jours, le 9 juillet. 

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