Sótt, Ragnar Jónasson.

sott       Je suis sérieusement en train d’attaquer les livres qui dorment dans ma bibliothèque, et j’ai eu envie de sortir Sótt, de Ragnar Jónasson de la pile. J’étais convaincue qu’il me plairait et c’était la lecture doudou qu’il me fallait à ce moment là…

     Une fois de plus, Siglufjördur est le théâtre d’étranges événements. Une fièvre mortelle oblige la ville à rester en quarantaine, cela permet à Ari Thór de rouvrir une vieille affaire à la demande d’Hédinn. Mais pendant ce temps là, le fils d’un influent politicien est tué, un enfant est enlevé et ce sac de nœuds paraît bien inextricable.

    Je suis tout d’abord un peu frustrée par ma lecture parce que, après avoir longuement regardé les dates de parutions pour tenter de lire la saga dans l’ordre, force est de constater que je ne les lis pas dans l’ordre. Sótt arrive bien avant Mörk, le précédent que j’ai lu. Dans Mörk, Ari Thor était jeune papa, dans Sótt, il se remet juste de ses déboires  sentimentaux avec sa compagne et ils prennent un nouveau départ. C’est dommage de perdre le fil de la petite histoire, et cela gâche un peu la saveur, même si très objectivement, ce roman peut se lire indépendamment du reste de la saga. 

     Si j’ai l’habitude de l’atmosphère et de la rythmique singulière des romans de Ragnar Jónasson, j’ai trouvé que le trait était ici exacerbé. Le fait qu’Ari Thór enquête sur une cold case a encore ralenti le rythme de l’enquête : les protagonistes étaient quasiment tous morts, les témoins aussi, et les conclusions de l’enquête ne sont finalement que des conjectures. Cela reste très intéressant, et même savoureux de voir comment l’enquêteur dénoue les événements si longtemps après, infime détail par infime détail. Mais, cela me laisse un petit goût d’inachevé.

     La deuxième enquête qui vient se greffer là-dessus ne m’a pas beaucoup plus emballée. Nous cherchons à savoir qui a enlevé Kjartan, un petit garçon de deux ans, et qui a renversé Snorri. Nous suivons les cheminements des policiers par procuration, à travers le personnage d’Isrun une journaliste. C’est finalement ce qui m’a peut être dérangée car nous la voyons courir après les interview et les scoops, appeler ses contacts, rédiger des articles, mais le fond de l’enquête est moins présent que dans d’autres romans. Alors, bien entendu, le dénominateur commun entre les différentes enquêtes est intéressant, la chute est inattendue et met à jour des manipulations et des secrets honteux, tout à fait crédibles avec les petites bassesses humaines et les querelles d’intérêts, mais pour moi, ce roman a manqué du sel que j’aime tant. Un petit quelque chose qui a fait que j’ai passé un bon moment sans être enthousiaste.

      Ari reste Ari, il est toujours aussi sympathique, englué dans ses soucis personnels, reculant devant certaines décisions. Sa compagne ne me paraît pas beaucoup plus agréable que dans les autres tomes que j’ai lus. Tómas disparaît ici progressivement, ménageant la suite des aventures à Siglufjördur. Par contre, je n’ai pas vraiment accroché au personnage d’Isrun. L’auteur prend la peine de lui fabriquer un univers pour l’humaniser, mais c’est ce qui a – pour moi – en partie délayé l’enquête. Les petites luttes intestines au sein de son journal, les soucis de couple de ses parents… ce sont autant de petites choses qui ne m’ont pas fascinée et qui ont même eu tendance à faire retomber le suspense et la tension narrative.

      Ainsi, j’ai passé un bon moment à Siglufjördur, j’ai eu plaisir à rouvrir une cold case avec Ari, mais je n’ai pas été subjuguée car le tempo a été parasité par d’autres éléments qui m’ont moins plu. Cela reste une très agréable lecture néanmoins. 

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