Si je mens, tu vas en enfer, Sarah Pinborough.

si je mens livre     Ce roman m’a été offert par mon amie Florie lors de notre swap de Noël – comprendre : notre échange de colis livresque. Je ne connaissais pas l’autrice et je suis enchantée d’avoir découvert quelque chose de nouveau grâce à elle.

  Trois femmes. Lisa, Ava et Marylin. Elles ont toutes un secret. Mais certains sont plus dangereux que d’autres. Lorsqu’Ava sauve un petit garçon de la noyade, le voile est levé et les habitudes volent en éclats. Les choses ne pourront plus revenir en arrière et il faudra tout affronter, boire la calice jusqu’à la lie et essayer de survivre, chacune à sa manière.

     Il s’agit ici d’un thriller psychologique bien mené : nous découvrons Lisa, une mère célibataire a priori sans histoire, un peu terne, toujours anxieuse, toujours sur ses gardes, au point d’agacer sa fille adolescente. Peu à peu, cette apparence lisse et monotone se fissure et un secret émerge, par petites touches. Autant de micro-détails qui semblent faire basculer Lisa dans la paranoïa. Et c’est précisément à ce moment-là que le lecteur est ferré parce que nous voulons découvrir ce secret honteux, nous voulons gratter le vernis terne qui recouvre cette femme et connaître la vérité. Cette vérité ne sera que progressivement dévoilée grâce à des retours dans le passé, où nous la découvrons enfant. Il faut longtemps avant que nous ne saisissions pleinement l’horreur de son enfance. Le monstre qu’elle semble être, du fait de son secret, n’est peut-être pas réellement un monstre. Ainsi, l’autrice parvient à créer du suspense en nous faisant miroiter un secret honteux, à même de nous faire détester l’héroïne, mais subtilement, elle arrive à infléchir cette première impression et le bourreau devient aussi une victime. Il y a là un véritable art de jouer avec les émotions du lecteur. J’ai adoré voir s’épanouir le personnage de Lisa : de la femme effacée à la femme forte qu’elle devient, de l’enfant coupable à l’adulte  en quête de pardon. Sarah Pinborough n’épargne pas grand chose à Lisa, et il faut avouer que son parcours est hautement douloureux.

    Ses autres personnages ne sont guère plus épargnés. Ava est en pleine crise d’adolescence et la rébellion se mue en mise en danger sans même qu’elle ne s’en rende compte. Marylin souffre également plus souvent qu’à son tour. Contre toute attente, nous n’avons aucune héroïne parfaite ici, nous avons des femmes brisées, des femmes en souffrance, mais des femmes qui savent relever la tête et affronter l’adversité avec courage. Elles sont faites de failles, de doutes, de peurs et aussi d’amour, de bienveillance et de courage. Elles forcent le respect, chacune à leur façon. J’aime beaucoup la figure du méchant. Ce personnage est à la fois cruel, machiavélique et brisé. C’est un mélange étonnant qui fonctionne très bien. Ce personnage est savamment construit pour nous entraîner sur des fausses pistes, pour nous égarer et pour nous surprendre. A aucun moment, je n’avais suspecté que ce soit cette personne.

      La narration est intéressante par son mouvement de balancier entre le présent et le passé. Cela permet de dévoiler au compte goutte les informations capitales, mais cela permet aussi de créer un effet d’attente et donc d’accroître la tension romanesque. Pour autant, le début du roman est long, je ne le cacherai pas. A un moment donné, les petits conflits du quotidien entre Ava, l’adolescente en quête de liberté et sa mère m’ont pesé parce que le récit n’avançait pas assez. Il faut donc laisser au récit le temps de se déployer, et une fois que la mécanique implacable est mise en branle, cela devient vraiment prenant.

      Ainsi, je suis ravie de ma découverte. Si je mens, tu vas en enfer est un excellent thriller psychologique, la chute est inattendue, les secrets sont parfaitement glaçants et le récit offre toute la tension que nous pouvons attendre. 

 

 

 

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