Tsubaki, Aki Shimazaki. (Le Poids des secrets, T1)

Tsubaki        J’ai reçu ce petit roman en cadeau de Noël, et cette douce couverture m’a conquise dès que j’ai posé les yeux dessus. Comme j’ai découvert l’autrice l’été dernier et que j’avais adoré son livre, je ne me suis pas fait prier longtemps avant de dévorer celui-ci.

      Tsubaki met en scène une femme et sa mère Yukiko. Dans une lettre laissée, cette dernière raconte son adolescence pendant la Seconde Guerre mondiale, son déménagement à Nagasaki, l’usine, les amitiés et les amours naissantes. Et, petit à petit, elle en vient à déterrer des secrets familiaux et des tragédies qui coïncident aussi avec les bombardements de la ville.

      Ce qui frappe dans ce roman, c’est la douceur de la plume, sa légèreté et sa simplicité. Ici, tout est léger comme une caresse et l’histoire défile sous nos yeux, sans accroc, même si certaines choses évoquées sont terribles. J’aime beaucoup cette plume lumineuse car elle est à la fois émouvante et apaisante.

      Les personnages sont en accord avec cette plume singulière. Ils sont à la fois simples et vrais. Ils parlent à notre cœur parce qu’ils sont pétris d’humanité. Devant nous, nous voyons se déployer le jeu des mensonges et des trahisons, des secrets inavouables qui gangrènent les cœurs et les familles. Le père de Yukiko apparaît. C’est un homme dur, taiseux, qui sans en avoir l’air manipule tout le monde, fait ce qui l’arrange, sans se soucier des sentiments des autres. Par ses actes, il est l’instigateur de la chute de la famille. Les cruels contrastes peuvent alors prendre leur envol : son épouse ne comprendra jamais tout à fait l’homme qu’il était, tandis que sa fille ne le sait que trop bien. Notre pauvre Yukiko est le témoin de ce qu’on ne voudrait jamais savoir, car le secret qu’elle met au jour est aussi celui qui brise ses rêves de bonheur, et qui la pousse à commettre l’irréparable. Elle est pour nous une jeune fille acculée, désespérée en plein milieu de la tourmente historique. Comment ne pas être révolté par le discours patriotique ambiant, terrifié par ces jeunes qui envisagent de s’empoisonner, atterré par les petites lâchetés et les petites cruautés, notamment au récit d’une camarade de Yukiko, mise à l’écart sous prétexte que son frère ne s’est pas suicidé avant que les Américains ne le capturent? Alors, comment s’étonner qu’au milieu d’une Histoire aussi lourde, des jeunes perdent la tête? Yukiko en fait partie, les remords l’assaillent sans cesse, et dès lors, le bombardement de Nagasaki acquiert une double résonance pour elle.

      Aki Shimazaki parvient à faire cristalliser l’âme humaine dans toute sa complexité : ses espoirs, ses doutes, ses petites cruautés et ses grandes manipulations, ses regrets aussi capables de museler quelqu’un sa vie durant. Elle fait exister aussi le soulagement, l’apaisement de la confession, le poids enlevé quand on peut, enfin partager son secret, même si c’est arrivé à la fin du voyage d’une vie bien remplie.

       L’autrice ne juge pas ses personnages. Leur voix résonne pour nous, en nous et nous, lecteurs sommes les seuls juges, les seuls témoins d’une tragédie de l’intime qui coïncide avec l’histoire tragique d’un peuple. Tout est raconté avec pudeur et retenue, et cela rend le texte d’autant plus touchant, ça lui confère une vraie justesse.

      Ainsi, j’ai une fois de plus adoré ce roman d’Aki Shimazaki. La plume nous emporte dans une douce brise tandis que les mots nous ébranlent par un destin de femme une fois de plus terrible. Je n’ai pas encore le tome 2 de cette saga, mais ça ne saurait tarder. 

 

 

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