Monstress, T.3 Erreur fatale, Marjorie Liu, Sana Takeda.

Monstress-3    J’ai lu les deux premiers tomes de Monstress il y a… un an (avis ici) et ce tome 3, que j’ai reçu en cadeau d’anniversaire l’an passé, m’attendait sagement. Entre deux romans, j’ai eu envie de faire une pause, et je l’ai ressorti de ma bibliothèque.

    Ce volume comprend les épisodes 13 à 18 de la série américaine. Nous y retrouvons Maika Demi-Loup, maître Ren, et Kippa. Maika est désormais en fuite, et plus que jamais, elle doit pouvoir compter sur des alliés si elle veut survivre. Son arrivée à Pontus – qui lui offre l’asile – n’est pas sans conséquence pour l’île mais aussi pour elle. Une chose est certaine, son séjour ne sera pas de tout repos!

    Je me suis assez rapidement replongée dans l’univers et j’ai pris plaisir à retrouver Maika et Kippa. Par contre, je me suis un peu perdue dans le scénario… Soyons honnête, le nombre de personnages est important, leurs rôles ne sont pas toujours clairement définis, et parfois, je ne savais plus qui voulait quoi. Je me suis sentie décontenancée devant les frères-sœurs parce qu’au bout d’un moment, je ne me souvenais plus si les personnages étaient des hôtes des anciens dieux depuis le début, s’ils avaient pris possession des hôtes en cours du volume… et je ne voyais pas bien ce qu’ils voulaient jusqu’à la moitié de ce volume 3.  De même, j’ai eu du mal à saisir les intentions de Tuya, baronne de la Cour de l’Aube, et elle semble bien plus ambivalente que ne le laissaient suggérer les autres tomes… Toujours est-il que c’est assez déstabilisant de se sentir noyé comme ça dans le scénario. Certains passages qui relèvent carrément de l’onirisme contribuent aussi à flouter la linéarité du récit : les retrouvailles en songes avec Tuya (qui alimentent la nébuleuse autour du personnage), les passages dans le plan des anciens dieux, les retrouvailles avec une mystérieuse femme et le discours autour des mères sont autant d’éléments qui rendent la cohérence d’ensemble insaisissable et qui contribuent à nous plonger dans le même état que Maika, entre indécision et incompréhension. L’intérêt dramatique est bien là, mais cela n’enlève rien au côté déstabilisant.

      De plus, comme dans les autres volumes, les chapitres se terminent tous sur une conférence du professeur Tam-Tam : ce procédé permet d’obtenir des informations sur l’histoire des peuples que nous suivons, j’ai adoré celle qui concernait le Lord de la guerre et Moriko demi-loup  : cette partie m’a captivée et j’aurais aimé en savoir plus. Malheureusement, il y en a certaines que j’ai trouvé indigestes, majoritairement aussi parce qu’elles cassent la dynamique du récit. Alors, bien entendu, cette remarque vaut pour ces volumes regroupant plusieurs épisodes. Si le lecteur ne découvrait les épisodes qu’un à un, comme ça a dû être le cas au début, forcément, le ressenti ne serait pas le même.

      Les personnages restent fidèles à ce qu’ils sont dans les précédents volumes : j’ai un  coup de cœur pour Kippa, l’adorable enfant arcanique renard. Non seulement elle est gentille, mais elle est aussi d’une loyauté sans faille, tout en conservant l’innocence et la candeur qui vont avec son âge. Maître Ren est lui aussi toujours aussi intriguant… dans tous les sens du terme! Nous découvrons ici une partie de ce que cachent ses comportements étranges et, malgré les faux-semblants, il paraît plutôt digne de confiance. Mais sait-on jamais… Maika demi-loup est quant à elle touchante par sa quête, mais aussi agaçante par son entêtement. Elle se rebelle contre tous, ne fait confiance à personne et refuse tout soutien. Elle fait quelques bêtises aussi, qui mettent en danger tout le monde. Par contre, Zhin ici devient intéressant. Il garde sa forme monstrueuse, mais elle se modifie, elle devient plus humaine, et ses appétits se tournent vers d’autres choses. Il n’est plus juste un monstre avide de sang, qui veut se repaître. Par contre, il reste centré sur lui-même, et parfois, devient inquiétant, comme s’il suivait sa propre quête, indépendamment du bien être de Maika. Le personnage nous réserve des surprises, à n’en pas douter!

      Enfin, et je clôturerai mon avis là-dessus : les graphismes sont une fois de plus magnifiques! Les personnages féminins sont de toute beauté, exhalant une féminité parfois paradoxale par rapport à leur cruauté. Ce contraste de la Beauté et du Mal en devient fascinant et captivant. La douceur des pelages est aussi rendue à la perfection : la reine Loup est une figure très belle, et le dessin lui rend hommage, même si on ne comprend pas toujours ses desseins. Tuya est également un personnage intéressant pour les choix graphiques : elle ressemble à une enfant, d’une beauté sans pareille, mais sur son visage, nous lisons fermeté et détermination, en un contraste aussi saisissant qu’inquiétant. Maître Ren paraît bien mignon par moments : si décidé à combattre, et pourtant si petit, il nous fait sourire. Kippa par contre est un personnage sans paradoxe : sa douceur et sa gentillesse transparaissent à travers le dessin et à travers ses actes. Pour être honnête, le trait renforce sa douceur et donne envie au lecteur de prendre soin d’elle, dans un élan du cœur incontrôlé. Les lieux sont peints avec une exhaustivité des plus savoureuses, les Anciens dieux nous laissent frémir, et lorsque les masques tombent dévoilant l’envers du décor, le dessous est des plus horribles et des plus fascinants aussi, grâce à une représentation alliant beauté et horreur, détails et suggestions. Nous avons donc des graphismes riches et riches de sens.

        Ainsi, je suis toujours autant conquise par la beauté de cette bande dessinée. Le trait est précis, fouillé, et subjugue par sa qualité graphique. Je suis un peu moins convaincue par le scénario qui sous-tend l’ensemble parce que les zones floues m’ont gênée. Je lirai certainement la suite, car, malgré tout, j’ai envie de savoir comment se finira cette folle équipée, et qui sait, les solutions aux zones floues résident peut-être dans la suite!

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