Snjór est le premier volet de plusieurs enquêtes, que j’ai toutes (ou presque) dans ma bibliothèque… Il n’y a plus qu’à plonger dans l’intégralité… d’autant que j’adore les polars islandais. Il va vraiment falloir que je mette à profit le confinement pour faire baisser ma pile à lire.
L’histoire se déroule à Siglufjördur, une petite ville perdue au nord de l’Islande, couverte de neige. C’est le premier poste d’Ari Thór. Mais alors qu’il semblait ne rien devoir se passer, un vieil écrivain fait une chute mortelle, et le corps d’une femme est retrouvé nu. Cette enquête causera bien des tracas à Ari, et il lui faudra mettre à jour bien des secrets…
Tout d’abord, j’ai adoré l’atmosphère que l’auteur parvient à faire cristalliser. Dès qu’Ari met les pieds à Siglufjördur, on se sent comme lui, un étranger au milieu du petit groupe bien soudé, on se sent regardé en coin, épié, évalué… et cela laisse sentir cette défiance un peu poisseuse de l’étranger que l’on peut trouver dans de nombreux endroits; cela suggère à la perfection l’ambiance des petits villages où tout le monde se connaît et se serre les coudes face au nouveau. Cette sensation d’oppression est accentuée par la neige qui ne cesse de tomber et repose sur Ari et sur le lecteur comme le couvercle d’un tombeau, manquant nous asphyxier et formant un étau toujours plus serré autour de notre cage thoracique.
La rythmique du récit s’accorde à cette atmosphère et se met au diapason de cette petite ville, où, nous dit-on, il ne se passe jamais rien… Enfin, jamais… ce n’est peut être pas si sûr car bien des secrets voleront en éclats et une communauté tranquille peut révéler quelques noirceurs. Toujours est-il que l’enquête est lente, pesante. Il faut attendre un petit moment avant que l’intrigue ne se lance, ce qui permet à l’auteur de poser le cadre de ce huis-clos avec beaucoup de précisions. Si vous cherchez une histoire trépidante, menée tambour battant, vous ne la trouverez pas ici, par contre, vous trouverez une enquête lourde, qui pèse sur le cœur et sur l’esprit, une enquête qui obsède notre enquêteur, et qui nous intrigue toujours plus.
Pour rendre cette situation encore plus déstabilisante, notre héros est déraciné, coupé de celle qu’il aime, ce qui ajoute en tension. Pour autant, ne nous leurrons pas, Ari est loin d’être parfait : il en est aux balbutiements de sa vie professionnelle et se montre maladroit, naïf ; quant à sa vie privée… disons qu’elle va souffrir de la situation, mais qu’il n’est pas toujours le plus doué non plus pour faire ce qu’il faut. J’ai une tendresse toute particulière pour ces héros en formation et j’adore voir les errances d’un personnage, qui – je l’espère – gagnera en maturité plus tard, dans d’autres tomes. Cela confère un je-ne-sais-quoi de vrai, ce petit soupçon qui rend l’histoire crédible, et qui embrasse toute l’humanité du personnage.
Ainsi, j’ai adoré ma lecture : l’atmosphère est pesante à souhait, le cadre est parfaitement rendu, et notre enquêteur est prometteur! Aucun doute, les autres tomes m’appellent déjà!