Leviatemps, Maxime Chattam.

Léviatemps par Chattam      Léviatemps est mon premier roman de Maxime Chattam, mais comme plusieurs de mes amies sont fan, il fallait bien que je me lance!

      L’intrigue se déroule dans les années 1900 alors que l’Exposition Universelle s’installe à Paris, Guy, un écrivain à succès quitte sa famille et s’enfonce au cœur de Paris et se perd dans ses dédales entre cercles ésotériques et lupanars. Sa descente le confrontera à l’horreur, au meurtre sauvage, et sa soif de vérité le mettra plus d’une fois en danger.

      Il faut tout d’abord reconnaître que ce roman arrive à faire cristalliser le Paris de 1900 avec force détails : les salons cossus, les progrès scientifiques et technologiques, le racisme vis à vis des colonies, la manière inhumaine de traiter ces êtres, amenés et exposés dans des zoos humains, les salons à la mode qui se piquent de spiritisme, les maisons closes aussi. De nombreux passages du livre sont descriptifs et assoient cette crédibilité d’ensemble. On nous montre aussi bien les quartiers ouvriers, celui des halles, celui des chiffonniers, que les ruelles sordides des laisser-pour-compte et des filles perdues. Le sinistre n’est pas caché, l’horreur des bas-fonds n’est pas embellie sous le voile de la pudeur ou de la métaphore. Dans ce roman, la déchéance ressemble à la déchéance et la misère humaine éclate dans toute son atrocité. Cela a en partie ralenti ma lecture parce que les mots pèsent lourd sur le cœur. Je n’ai pas pu me résoudre à lire ces passages comme on lirait un texte léger. La souffrance humaine mérite bien une pause. Au milieu de ce sordide, la maison close tenue par Julie ferait presque exception et ce refuge que s’est choisi Guy de Timée est un élément central de l’oeuvre. La plupart des personnages capitaux évoluent dans ce cercle.

      Le récit en lui-même est dense. Les rebondissements sont nombreux, mais ils prennent le temps de se déployer, rien de rocambolesque, l’enquête est opaque et nécessite du temps. Très vite le parallèle avec Jack l’Eventreur est dressé pourtant le roman s’autonomise entièrement de cette filiation. Meurtres sauvages, prostituées tuées oui, mais la violence déployée est ici hors norme et le but poursuivi par le meurtrier est tout bonnement glaçant. Ce thriller flirte avec le fantastique mais aussi avec l’horreur, à mon sens. Ce mélange des genres est intéressant : en effet, tout du long, j’ai pensé que l’explication serait surnaturelle, et je me suis fourvoyée. Ma surprise n’en a été que plus grande lors de la chute, qui, par ailleurs m’a semblé d’autant plus révoltante et repoussante que je ne l’avais pas anticipée. La cruauté et la folie humaines,  les rêves de progrès corrompus s’avèrent être d’une mécanique implacable! Ce roman offre une plongée au cœur de la noirceur de l’être, au cœur du Mal. Et notre apprenti détective, Guy, s’y brûlera les ailes : à force de vouloir comprendre, analyser, démasquer le monstre à l’oeuvre, il en vient lui-même à perdre pied, à se réjouir de chaque avancée  si funeste soit-elle et l’envie de comprendre vire à l’obsession malsaine.

      Guy reste un personnage intéressant. Il fait figure d’enquêteur atypique car il s’appuie sur le geste créateur littéraire pour établir la psychologie du tueur. A partir de ses actes, de ses écrits, de ses déplacements, il infère des caractéristiques, il imagine, analyse et établit un profil, à la manière d’un criminologue. Guy est pourtant un personnage ambivalent, il est lui-même en rupture avec la société et son milieu de naissance. Il est déchiré entre deux univers, entre avenir et culpabilité. Ses doutes le rendent humain, sa façon de s’entêter face à l’assassin aussi. Parmi ses amis, j’ai beaucoup aimé le personnage de Faustine. Elle aussi n’est pas que ce qu’elle laisse paraître, son passé la construit et la poursuit, sa culpabilité, sa peur font d’elle ce qu’elle est. C’est donc un personnage complexe et charmant par sa pugnacité et par son courage que nous prenons plaisir à découvrir.

     Ainsi, Léviatemps est une jolie découverte : un univers travaillé et dépaysant, qui nous fait faire un saut dans le temps, une enquête résistante et déconcertante, servie par un trio haut en couleurs, et un mélange des genres des plus savoureux! Fans de thrillers et d’horreur, n’hésitez pas! 

 

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