Cet été sera décidément celui de la découverte des auteurs, après Maxime Chattam, j’ai découvert la plume du binôme Preston & Child grâce aux éditions l’Archipel… Bref, je comble mes lacunes livresques!
Le résumé me mettait l’eau à la bouche : des meurtres inexpliqués, un cœur prélevé déposé ensuite sur la tombe d’une suicidée, des billets à mi-chemin entre le mot d’amour et le mot d’excuse accompagnant cette offrande funèbre… Un joli sac de nœuds, à la fois intriguant et inquiétant.
Ce qui m’a frappée dans ce roman, c’est le personnage de Pendergast, et je ne suis sans doute pas la seule! Nous avons là un enquêteur au flegme hors norme, à la fois horripilant et attachant. Il suit son instinct et n’écoute rien ni personne sans se départir de sa courtoisie et de ses bonnes manières, frôlant bien souvent le sarcasme, l’ironie et l’insolence au passage! A le voir évoluer, il a plus l’air d’un dandy que d’un inspecteur. Ce décalage entre les attentes de la lectrice novice que j’étais et l’originalité du personnage est des plus savoureux. Dès les premières pages nous sommes curieux d’en apprendre plus sur lui et de le voir à l’oeuvre. Pour la petite histoire, à mi chemin dans ma lecture, je me suis dit que je retrouvais enfin un enquêteur aussi atypique d’Adamsberg (de Fred Vargas) et cela m’a enchantée! Pendergast est très loin des stéréotypes de policier. Le duo qu’il forme ici avec Coldmoon est nourri par tout ce qui les oppose. Tous deux sont comme le jour et la nuit et cela fonctionne à merveille. Le respect et la coopération se tissent lentement sous nos yeux, imperceptiblement. Par ailleurs, j’ai adoré que les enquêteurs Pendergast et Coldmoon ne soient pas parfaits : ils se trompent, tombent dans des pièges, ont leurs petites manies qui font d’eux des êtres éminemment humains avec leurs petites bizarreries. Leur supérieur, Pickett est quant à lui détestable. En peu de temps, il m’a paru opportuniste et manipulateur… Les personnages ne nous laissent pas indifférents, et j’aime beaucoup ça!
L’enquête est étonnante. Au premier abord, elle semble se noyer dans ses propres remous et à plus d’une reprise je me suis demandée où cela allait nous mener. Nous avons des meurtres, des cœurs prélevés, mais aucune logique ne semble apparaître là dedans, s’y ajoutent les offrandes sur les tombes des suicidées… mais qui ne semblent rien avoir en commun. Quel pourrait être ce meurtrier au comportement aussi erratique? Quel serait cet esprit malade? Monstre, bourreau, personne froide et calculatrice, dénuée de tout sentiment? Et si la réalité était plus nuancée, plus sordide aussi… Dans ce roman, j’ai apprécié que le criminel ne soit pas juste un monstre, mais une personne cabossée par la vie, qui a souffert plus qu’elle n’aurait dû. L’autre monstre était ailleurs, bien caché, tapi dans l’ombre de ses privilèges, prêt à tout pour protéger son sordide secret. A l’approche du dénouement, je me suis un moment perdue dans les circonvolutions de l’enquête. Durant quelques pages, je ne savais plus qui était qui et de qui il fallait se méfier. Je pense que c’était justement l’intention des auteurs car cela permet de se mettre au diapason de nos enquêteurs qui touchent au but sans avoir clairement conscience de tout ce qu’ils vont mettre à jour. J’ai donc adoré le twist final qui permet de clôturer le roman sur une réelle tension.
Enfin, la plume des auteurs est fluide et efficace. Mon petit bonheur a été de retrouver des citations d’autres œuvres littéraires, de Shakespeare ou d’Eliot entre autres, disséminées entre les pages. Cela confère une aura particulière à l’ensemble du récit : enquêteurs érudits, assassin à la plume ciselée, encore une originalité qui m’a plu.
Ainsi, je suis conquise par ce livre et par la plume de Preston & Child que je découvre. J’ai adoré sortir des sentiers battus avec un duo d’enquêteurs insolite, j’ai aimé la complexité de l’enquête. Ce roman a tout bon, efficace et original, en un mot : savoureux !