Le Jøurnal de ma disparitiøn, Camilla Grebe.

Résultat de recherche d'images pour "journal de ma disparition"       Le Jøurnal de ma disparitiøn était dans ma PAL depuis mai dernier, je l’avais acheté presque à sa sortie car j’avais été bluffée par le premier opus de Camilla Grebe. Un déménagement, des urgences à gérer et le voilà assoupi depuis un an. C’est une autre blogueuse, Booksnpics_blog qui m’a donné envie de le sortir de son sommeil. C’est chose faite!

         Adolescente, Malin a découvert le cadavre d’une fillette, meurtre resté irrésolu. Adulte, elle est une policière ambitieuse et se trouve étrangement placée aux côtés de Hanne et de Peter Lindgren pour enquêter sur cette cold case. Mais bientôt, les événements se précipitent, Peter disparaît, Hanne est retrouvée hagarde. Le seul témoin garde le journal de Hanne secret. D’autres morts apparaissent. Malin est seule avec l’équipe pour démêler ce sac de nœud.

      Tout d’abord, j’ai beaucoup aimé l’agencement et la structure de ce livre. La carte des lieux était tout à fait bienvenue, car elle m’a permis de mieux me représenter la topographie du petit village qu’est Ormberg. D’ailleurs, le choix d’un petit village comme cadre au récit  accentue le huis clos et fait aussi réfléchir au racisme et à la xénophobie (certains propos de personnages sont assez dérangeants et l’autrice y revient dans un « A propos » à la fin de l’ouvrage).

       J’ai également adoré commencer par découvrir Malin adolescente, vivre la découverte macabre à ses côtés, avant de la voir évoluer, adulte, avec ses collègues. J’ai apprécié aussi les détails donnés au compte goutte, qui expliquent son aversion pour son village natal. J’ai très vite senti que quelque chose la gênait en ces lieux, et le fait de retarder les révélations a permis de piquer encore davantage ma curiosité. De plus, l’alternance des chapitres permet de raconter l’histoire selon différents points de vue : celui de Jake, celui de Hanne, celui de Malin. C’est particulièrement astucieux car cela nous offre une vision parcellaire des choses. Le doute et l’hésitation sont donc entretenus, en plus de nous mettre en appétit. Combien de fois ai-je été déçue de passer au chapitre de Malin parce que je voulais plus de révélations sur Hanne ou sur Jake… et inversement! La construction est donc réellement savoureuse.

      Une fois de plus, la plume et le style de Camilla Grebe sont tout à fait singuliers. L’histoire semble piétiner, et nous nous demandons vraiment où tout cela va nous conduire. Et, pourtant, au moment même où nous nous posons la question, le récit avance, sans que nous en ayons conscience. Il nous livre, l’air de rien, une information capitale sur un caractère, un détail sur un personnage qui prendra de l’ampleur plus tard, il nous induit en erreur en nous donnant un détail, qui raconté de façon lacunaire, prend l’apparence d’un  élément capital. Bref, il y a un vrai art pour noyer l’information clef, différer son retentissement ou, au contraire, pour monter en épingle un détail insignifiant. Ainsi, le lecteur est entraîné toujours plus avant et ne sait jamais à quel sauce il sera mangé! Alors, bien entendu, le rythme peut paraître lent parfois puisque les avancées tangibles se font attendre. L’enquête stagne, le froid et la neige paralysent les hommes et les avancées, mais il me semble que c’est aussi la marque de fabrique de l’autrice. N’attendez ni rebondissements à foison sur un rythme échevelé ni violence à outrance. D’ailleurs, pour son premier roman aussi, j’avais été étonnée de cette avancée du récit tout à fait particulière. De même, j’ai été ravie de retrouver Hanne et Peter, même s’ils sont ici en  très fâcheuse posture. Camilla Grebe ne les épargne pas du tout et fait la part belle à de nouveaux venus que nous prenons plaisir à découvrir.

     Le fait d’ajouter le journal de Hanne au fil des pages est aussi une trouvaille particulièrement intéressante. Le personnage devient d’une humanité terrible : sous nos yeux, nous voyons s’étaler le drame d’une vie, constat amer d’une perte de soi. Le caractère éclaté de ces passages permet de ne pas dramatiser à outrance tout en entretenant le suspense. Inutile de dire que je guettais les apparitions de ce journal…

       Enfin, j’ai adoré la chute. Elle était inattendue et le doute a été entretenu jusqu’au bout. Alors même que l’assassin est découvert, d’autres révélations nous attendent et nous assènent le coup de grâce. Rien à redire : le final fait mouche! Je suis pleinement satisfaite de ma lecture et je suis prête à rempiler pour son troisième roman.

      Ainsi,  Le Jøurnal de ma disparitiøn est un roman policier très efficace. J’ai retrouvé avec bonheur la plume singulière de l’autrice ainsi que ses personnages clefs qu’elle n’hésite pas à malmener au cours d’une enquête en apparence insoluble. Tempo doux, fausses pistes et silence retentissant des forêts enneigées , voici un roman qui déploie sous nos yeux ses drames et ses secrets : une excellente lecture! 

 

 

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