Les Echos du souvenir, Tamara Mc Kinley.

Mon amie Clémence du blog YouCanRead a déjà lu plusieurs romans de Tamara McKinley et semblait apprécier la plume de l’autrice, alors, pour une fois, je me suis dit que j’allais tenter, même si les romances ne sont pas mon dada – loin de là. Les Echos du souvenir ont malgré tout su me faire envie et attiser assez ma curiosité pour que je me lance.

Ce roman se déroule en deux parties : en 1936, Annabelle Blake arrive à Paris, contrainte de fuir Londres. Pour cette jeune infirmière, Paris semble être le lieu de tous les possibles. Elle s’y fait des amis, découvre l’amour mais la guerre en Espagne agite son spectre. Vingt ans plus tard, Eugénie, sa fille, découvre à son tour Paris, avec ravissement et elle n’imagine pas les secrets qui surgiront.

La première chose à dire, c’est que la plume de Tamara McKinley est très douce. Il est vraiment agréable de s’y plonger et de suivre les aventures des personnages sous ses mots. Les descriptions de Paris font affleurer toutes les caractéristiques de la ville et laissent entendre l’émerveillement du nouveau venu pour cet endroit riche en histoire et cher aux artistes. C’est un Paris bohème et poétique qui transparaît donc, un Paris idéalisé, sans doute, mais un Paris qui parle au cœur et qui peut tout à fait correspondre à une époque et à la découverte enthousiaste de quelqu’un. Une large part de cette narration est donnée aux Arts aussi : l’écriture, la peinture, la description de tableaux. Cela m’a plu car cela apporte un petit supplément au livre. Pour autant, il n’y a pas de cours d’histoire de l’Art ou d’avis de spécialistes, la lecture n’est donc absolument pas entravée pour le lecteur même s’il n’est pas spécialement intéressé par l’Art. La tante d’Annabelle, Aline, est d’ailleurs la figure de l’artiste bohème. Fantasque et surprenante, elle est très attachante. Elle est également très humaine, et dans la deuxième moitié du roman, elle se charge d’une gravité et d’un sérieux qui l’ancrent profondément dans notre cœur, et nous amènent à la plaindre et à l’apprécier encore plus.

La part de romance est bien entendu très présente. Au travers d’Annabelle, de George, d’Henri mais aussi d’Etienne, nous avons une multitude d’amours : des amours heureuses – un temps du moins, des amours déçues, des amours complexes, des amours- amitié exclusives, des amours tout en retenue et en sagesse. La romance déploie donc ici son plein potentiel en se parant de multiples facettes sans pour autant user des artifices que je déteste. Cela permet aussi de ne pas saturer le lecteur avec des atermoiements amoureux à la « je t’aime – moi non plus » qui peuvent être pesants. Ici, nous avons des tragédies, des amours contrariées par la marche de l’Histoire, par le « qu’en dira-t-on », par la vie et ses déboires. Il y a bien entendu quelques scènes d’amour, bon, ce ne sont clairement pas mes passages préférés, mais sincèrement, ils n’étaient ni si nombreux que ça, ni insoutenables pour l’allergique aux romances que je suis.

Ce que j’ai particulièrement apprécié, c’est la retenue et l’élégance morale d’un certain nombre de personnages. Dans ce roman, il n’y a pas vraiment d’auto apitoiement, même lorsque les personnages sont cruellement frappés par le destin. Chacun reste digne lorsque son tour de souffrir vient. Il serait même possible de dire qu’autant de dignité est parfois peu probable ! En effet, sur l’ensemble des personnages, aucun n’est réellement excessif face aux affres de la passion ou du désespoir lié à un amour perdu ou déçu. Je ne suis pas sûre que dans la vie ordinaire, tous nos proches aient autant de sel control. L’avantage, très clairement, c’est que cela donne une romance équilibrée et agréable, émouvante et touchante sans être lourde, pesante ou clichée.

La relation parent-enfant tissé dans les familles est elle aussi intéressante, et la temporalité du roman 1936 / 1956 permet de ne pas voir s’essouffler la dynamique. Le récit ne tourne pas en rond, ne souffre pas de lourdeur. Au contraire, la bascule avec le présent d’Eugénie permet de redynamiser l’ensemble, de résoudre un certain nombre de points laissés en suspend dans l’histoire de ses parents et de créer suffisamment de tension et de non dits pour maintenir la curiosité du lecteur en haleine. Les rebondissements sont donc légion et nous permettent de ne pas nous ennuyer.

Ainsi, Les Echos du souvenir est une lecture très agréable, qui se lit à merveille et qui sait nous toucher et nous émouvoir. C’est une romance douce et équilibrée.

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