Mrs Parkington, Louis Bromfield.

Pour le club lecture de Charlotte Parlotte, les sondage a désigné Mrs Parkington en lecture commune du mois de décembre. Je n’avais jamais lu de roman de Louis Bromfield, donc j’étais vraiment contente. La quatrième de couverture m’a laissé présumer d’une jolie rencontre livresque.

Le roman repose quasiment exclusivement sur le personnage de Mrs Parkington, une vieille femme de 84 ans, qui jette un regard désabusé sur ses contemporains et sa famille. Elle voit et commente les ascensions et les chutes, les mesquineries et les déchéances des hommes, elle espère pour ceux qu’elle aime et tente de sauver ce qui peut l’être.

Ce roman porte un regard sans concession sur les grandes familles, sur les rêves de gloire et l’orgueil de caste qui boursoufle certains représentants. Mrs Parkington est milliardaire, mais bien que vivant dans l’opulence, elle a clairement conscience de qui était son mari et du fait qu’il a écrasé nombre de personnes pour bâtir sa richesse, elle a aussi conscience de la capacité à corrompre les cœurs qu’a l’argent. Bien que pleine de largesses – puisqu’elle veille à ce qu’aucun des siens ne manque de quoi que ce soit, quitte à réparer les erreurs des uns et des autres, elle est d’une lucidité à toute épreuve. Elle jette donc un regard amère et plein d’ironie sur sa propre famille. Pour le lecteur, ce regard acéré et acerbe est vraiment intéressant car il recèle une vraie réflexion sur le monde et sur la chute des grandes familles.

En dehors de Mrs Parkington, peu de personnages sont réellement passionnants dans ce roman, ils sont tous soit présomptueux et drapé dans leur orgueil soit falots, tels des marionnettes qui s’agitent sous les coups du destin. Seule Janie est intéressante, mais elle-même fait figure d’ovni au sein de sa famille. Finalement, parmi ses enfants et petits enfants, la vieille dame ne peut compter sur personne : chacun a ses vices et ses travers qu’elle analyse clairement au crépuscule de sa vie. Une de ses filles est alcoolique, bouffée par une vie qui n’a jamais su emplir son cœur de joie, une autre est envahie par l’amertume et le fiel d’une vie basée sur les apparences mais qui n’a pas été nourricière en amour, en bonheur et en vrai partage. Ses fils sont morts, et la vie facile apportée par l’argent n’a pas été totalement anodine dans leur destin. Les époux de ses filles sont soit truculents mais dans ce cas, ils font des passages éclairs dans la famille, soit des hommes imbus d’eux-mêmes, égoïstes et malhonnêtes tant ils s’estiment supérieurs aux autres. La vieille dame s’agace de cette morgue, et constate la gangrène qui gagne sa famille, inexorablement, comme si les générations nouvelles payaient pour les crimes de leurs aînés. Ce que ce roman montre, c’est aussi que l’argent corrompt les cœurs et les êtres, apportant une fierté illusoire et entretenant un lustre qui n’est que l’apparence du bonheur.

Mrs Parkington, c’est aussi le récit d’une fabuleuse ascension sociale. Rien ne prédestinait Susie à cette vie-là, mais des circonstances exceptionnelles l’ont plongé dans un univers qui n’était pas le sien, dans lequel elle s’est adaptée, contre vents et marées. Les retours en arrière sont le moyen de montrer la femme qu’elle a été, de montrer son parcours, et c’est justement ce parcours qui fait d’elle une femme hors normes : elle a conscience du prix à payer, de la valeur de l’argent et de la vanité du luxe dans lequel sa famille a toujours baigné. Il est donc vraiment savoureux de découvrir les grandes étapes qui ont jalonné sa vie, des moments joyeux, des drames ineffables, et toujours une soif de vivre et d’aller de l’avant, car Susie est une femme forte, d’une grande résilience.

La plume de Louis Bromfield est intéressante : il dissèque un monde fait de faux-semblants, de curiosité malsaine, d’amitiés vaines et creuses, un monde nimbé d’orgueil et de bassesse, un monde qui s’effondre car les malversations sont punies, et sévèrement réprimées.

Ainsi, je suis contente de ma découverte. Je m’attendais à un roman à la manière de Jane Austen, sans la romance, j’ai plutôt un roman à la Gatsby le magnifique. Si je n’ai pas eu de coup de cœur pour ce livre, j’ai apprécié sa singularité et le regard acerbe de la vieille femme sur sa famille et sur la société. Une bonne lecture donc.

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