Jamais tu ne me quitteras, Chevy Stevens.

Jamais tu ne me quitteras est mon premier roman de Chevy Stevens, et une fois de plus, je suis contente de m’être laissée tenter. Je l’intègre au dernier moment à mon Pumpkin Autumn Challenge dans le menu Automne frissonnant, catégorie Les Caprices de la Belladone. Je vais considérer que c’est un livre à la couverture (presque) noire. Mon deuxième roman pour cette catégorie sera lu plus tard.

Le roman nous présente Lindsay, une femme qui a quitté son mari, un homme en apparence parfait, mais qui lui faisait vivre un enfer. Dix ans plus tard, voilà qu’elle a l’impression d’être suivie et espionnée jusque chez elle. Immédiatement, elle pense à son ex-mari, Andrew, tout juste sorti de prison. Pourtant, lui affirme qu’il a changé : alors, vraie repentance ou manipulation machiavélique?

Le début de ce roman permet de placer les choses : un temps assez lointain, une dizaine d’années auparavant, l’enfer du couple, les reproches, la manipulation, la possessivité et une femme au bord de la rupture, à l’affût du moindre signe, du moindre problème. Puis les temps heureux et le patient travail d’Andrew pour s’attacher Lindsay, pour la couper des autres et pour asseoir son emprise. Tout cela permet de comprendre le parcours de l’héroïne et de mieux appréhender son angoisse lorsque le spectre de son mari revient la hanter. Cela donne donc corps aux personnages. Dans l’esprit du lecteur, l’ombre entêtante et menaçante d’Andrew existe, comme une entité mystérieuse qui rôde, et Lindsay apparaît comme une bonne mère, une femme aux abois, désespérée mais courageuse.

Osons le mot, au début de sa vie de couple, Lindsay a tout de l’oie blanche, du naïf petit papillon ébloui par la lumière d’une flamme… et qui finit par s’y brûler. En cela, elle est un peu désespérante. Pour autant, il est facile de juger – de l’extérieur, bien au chaud roulé dans son plaid automnal. En réalité, Andrew adopte une stratégie maligne et efficace, et grignote morceau par morceau l’indépendance de sa femme, sous couvert de vouloir l’aider, et s’assurer de son bien être. Le fait qu’elle reprenne sa liberté est donc un véritable renversement de situation, et constitue un ressort dramatique capital. Pour autant, Lindsay ne se libère jamais vraiment de ses chaînes. Elle tremble sans cesse devant cet époux qu’elle a fui, qu’elle craint et qu’elle ne veut plus voir. Elle est pourtant aussi hantée par sa propre culpabilité, car pour se libérer, elle aussi a dû prendre quelques libertés avec le Bien. Son personnage se nuance donc lentement pour finalement mettre un lumière un être moins manichéen, moins lisse aussi. Elle devient plus intéressante une fois certains de ses secrets révélés. Tout ceci crée un cocktail efficace et fait osciller le personnage entre rationalité et angoisses irraisonnées, entre force et faiblesse. Cette caractéristique devient un des points d’ancrage du récit et est à l’origine de nombreux rebondissements. Avec un peu plus de lucidité, elle aurait évité certains écueils, n’aurait pas interprété à tort des situations, mais nous n’aurions pas eu autant de rebondissements à nous mettre sous la dent! Bref, le caractère du personnage est un élément clef pour l’avancée du récit : tout s’infléchit en fonction de ses décisions.

La relation mère-fille est aussi un enjeu dans le livre puisque c’est la brèche dans laquelle s’engouffre l’ex-mari, c’est aussi un petit plus qui ajoute du piment. Par l’intermédiaire de Sophie, certains personnages s’immiscent dans le quotidien des deux femmes, et cela floute encore les repères et rend l’élucidation du coupable plus mystérieuse. Le lecteur est donc entraîné sur des fausses pistes. Je me suis laissée mener un temps par l’autrice, car elle sait distiller des éléments à même de nous induire en erreur. Pour autant, aux trois quart du roman, j’ai compris de quoi il retournait. La chute s’avère relativement classique, mais n’est pas pour autant déplaisante. J’ai passé un très agréable moment avec les personnages et je trouve que l’autrice prépare bien la fin. Elle suggère, elle laisse planer certains doutes, et elle masque particulièrement bien les intentions de quelques personnages. Elle fait cristalliser un ex-mari si détestable qu’il parvient à occulter d’autres éléments qui nous mettraient sur la bonne voie.

Pour finir, je dirai que la plume de l’autrice est agréable et fluide. La lecture se déroule sans anicroche et le lecteur peut savourer un bon moment de lecture, reposant.

Ainsi, le roman de Chevy Stevens Jamais tu ne me quitteras est un bon thriller. Il remplit les attentes en nous fournissant une intrigue resserrée, des personnages intéressants et facettés pour nous mener par le bout du nez. Pour autant, certains éléments restent assez classiques, sans être désagréables, si bien que la lecture manque d’un petit zeste supplémentaire pour être époustouflante.

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