Que la mort soit douce, Laetitia Danae.

Que la mort soit douce 1       Ce nouveau roman de Laetitia Danae, je l’attendais impatiemment parce que j’ai adoré le diptyque consacré à Rozenn. Dès que j’ai pu le commander, je ne m’en suis pas privée et une fois de plus, je ne suis pas déçue par l’objet livre qui est superbe à tous points de vue : la couverture est très belle, et les illustrations qui parsèment le roman créent un leitmotiv intéressant.

       Que la mort soit douce nous amène à suivre Katell, une jeune fille qui voit les fantômes depuis son plus jeune âge… ce qui lui a valu bien des déboires. Mais sa vie bascule du jour au lendemain, car un destin de Santa Muerte l’attend, et une chose est sûre, ce ne sera pas de tout repos non plus!

     Cela a été un plaisir de retrouver la plume de Laetitia Danae : le récit est fluide et coule entre nos doigts sans que nous ne puissions cesser de lire. La lecture ne rencontre aucun obstacle, les chapitres sont relativement courts, rythmés et entretiennent l’appétit du lecteur. Les têtes de chapitre avec le dessin de Santa Muerte et les citations permettent aussi de nous interpeller sur le fonctionnement de Villasanta, sur ses règles ou sur les ressentis des différentes Santas. Chaque élément revêt un sens certain à un moment du livre, et il m’est arrivé de revenir en arrière pour relire une citation à la lumière d’événements récents et cela m’a permis à chaque fois de mieux en comprendre le sens. Toute la structure narrative permet donc de captiver : le début qui ressemble à une scène de tribunal, la bascule vers le passé et la vie de mortelle de Katell, les alternances entre passé et présent. L’ensemble est véritablement efficace et participe du plaisir de lire.

      L’univers créé par l’autrice est saisissant. J’ai adoré la manière dont elle se saisit de choses classiques (les fantômes, les Vagabonds, les esprits frappeurs…) pour densifier l’ensemble avec toute une série d’éléments. Des démons nommés Orbs apparaissent donc et peuvent être capturés et apprivoisés, les Santas Muerte, semeuses de Mort, ont un pendant : les Semeurs de Vie ; des Ankous et des Faucheuses existent aussi, une hiérarchie est mise en place au sein de Villasanta et un classement les départage, le passage entre le monde des humains et celui des Santas Muerte se fait au moyen de Passeurs, des Vivants en lien étroit avec la mort… Ce sont autant d’éléments qui rendent cet univers tangible et crédible. J’ai d’ailleurs beaucoup aimé que la manière de devenir une Santa Muerte soit expliquée : au lieu de le présenter comme un passage évident vers un rôle cruel, on nous le montre comme un destin rare et fragile, et les cas de conscience générés par cette nouvelle vie se profilent. Ainsi, en perdant leur statut de Vivantes, les élues au rôle de Santas ne perdent pas pour autant leur humanité. J’ai aimé cette dynamique à la fois féminine et humaine.

     Katell est une héroïne touchante : adolescente rejetée pour sa différence, en souffrance aussi, elle ne s’épanouit pas vraiment dans sa nouvelle vie. Par contre, elle accepte son destin avec un courage certain et ne se décourage jamais face à l’adversité, c’est une tête brûlée qui nous fait sourire par son entêtement. Les rivalités entre elle et d’autres Santas sont intéressantes et pimentent le récit.

      Si je dois émettre un petit bémol, je dirais que certains passages relèvent de choses un peu plus courantes : les rivalités entre cousines, l’une populaire et l’autre marginalisée ; le/la meilleur(e) ami(e) pour qui l’on a un béguin – que l’on admet ou non; le couple dans lequel s’engage la cousine de Katell une fois adulte ; l’identité des propriétaires de la maison où Katell devenue Santa Muerte va enquêter… ce sont des petits détails qui ne m’ont pas surprise, mais qui sont malgré tout efficaces et pertinents dans le récit. Cela ne dépare pas et finalement, surprise ou pas, ce n’est pas très grave car le plaisir de lire est bien là. D’ailleurs, le récit se termine sur un point de tension… et j’ai hâte d’en savoir plus.

     Ainsi, Que la mort soit douce est un excellent récit de fantasy. Il y a exactement ce qu’il faut pour poser les bases d’un univers fabuleux sans nous lasser, tout en nous apportant la dose d’aventures et d’explications nécessaires pour nous entraîner dans une course poursuite avec la Mort. Un complot se dessine sans que nous ne puissions savoir qui tire les ficelles. Autant dire que cela donne envie d’avoir le tome 2!  Ce roman est donc parfait : à lire sans modération!

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