Fantazmë, Niko Tackian.

fantazmz Je n’avais jamais lu de roman de Niko Tackian, et pourtant, j’ai déjà vu passer ses romans sur les réseaux sociaux notamment Toxique et Avalanche Hôtel. Comme souvent, j’étais un peu curieuse et j’avais envie de me faire ma propre idée. Par chance, il était en dédicace à la foire du livre de Brive à l’automne dernier, et j’ai pu passer une petite commande livresque à ma mère.

      Fantazmë est un court roman, et vu ma panne de lecture, c’était un bon choix pour moi, en ce moment. Janvier 2017, Paris, XVIIIe arrondissement. Le corps d’un homme est retrouvé dans une cave. Le commandant Tomar Khan enquête et pense à un règlement de compte, mais bientôt un élément relance le dossier et permet de faire le lien avec une autre affaire. D’autres morts se succèdent et la rumeur d’un fantôme, assassinant la pègre court vite.

  Le début de cette lecture a été lent et rébarbatif, d’une certaine manière. J’ai clairement senti une pesanteur et j’ai eu un peu de mal à m’accrocher. Alors, une fois de plus, c’est sans doute à nuancer. Ces derniers temps, la lecture est difficile et je me heurte à ma première panne de lecture… Ceci explique peut-être cela. Je me suis un peu perdue entre la première victime – qui n’était peut être pas si innocente- et l’enquêteur plus que torturé. Ici, nous avons un commandant – Tomar Khan- qui est particulièrement borderline, et apprendre les libertés qu’il a prises, découvrir ses démons personnels avant d’avoir eu le temps de m’attacher à lui, m’a décontenancée. Je ne le trouve pas sympathique, pour autant, il n’est pas détestable non plus. Cet entre-deux teinté d’indifférence pour un personnage clef me ressemble peu et me désarçonne. Bien entendu, Tomar Khan est un personnage humain : face au criminel qu’il traque, il éprouve différents sentiments que nous comprenons fort bien, et lorsqu’il saisit vraiment qui est ce criminel et quelles sont ses motivations, il réagit comme le ferait toute personne dotée d’humanité. En cela, c’est un personnage intéressant, ni parfait ni monolithique. Il est plein de zones d’ombres, de doutes, de craintes, mais reste hanté par les fantômes de son passé.

     L’enquête capte notre intérêt, une fois que nous avons dépassé les soixante premières pages, je dirais. Ce fantazmë qui échappe sans cesse à la police fascine un peu. Rien ne semble lui faire peur, et nous comprenons à la fin pourquoi. Nous comprenons aussi à quel point son surnom est malheureusement mérité. Je crois que le passage qui m’a le plus remuée est justement celui où nous apprenons tout de ce criminel, et le destin que lui réserve l’auteur à la fin du livre est d’autant plus terrible. Ce roman est une lecture glaçante et dérangeante par certains aspects : vous y trouverez du sexe, de la violence, du trafic d’êtres humains et des assassinats.

       L’enquête s’enrichit d’une autre facette avec la présence de Belko, un policier de l’inspection générale,  qui tente de faire tomber Tomar Khan en prouvant ses manquements aux règles et ses errances professionnelles – pour ne pas parler de fautes graves-. Cela ajoute une certaine intensité au récit en conférant un caractère d’urgence à l’enquête en cours : il faut la boucler avant de risquer d’être épinglé. Du reste, le personnage de Belko est rendu parfaitement détestable, carnassier, manipulateur, menteur… Et sa présence permet aussi d’entretenir la curiosité du lecteur qui ne cesse de se demander ce qu’il adviendra du commandant Khan.

        Ainsi, Fantazmë est une bonne lecture. Après un début aride, je me suis laissée emporter dans le récit et j’ai passé un bon moment. 

Laisser un commentaire