Nous les menteurs, E. Lockhart.

Nous les menteurs par Lockhart       Mon amie Florie du blog L’Histoire du jour m’a offert ce livre l’année dernière à Noël. Il m’a fallu un peu de temps pour m’y plonger, mais dans mes lointains souvenirs, ce roman avait fait partie d’une sélection du Prix des Incorruptibles, et je suis enchantée de l’avoir enfin lu.

   Nous les menteurs, c’est l’histoire de la famille Sinclair. Une famille bourgeoise où tout le monde est beau, riche, intelligent. La famille se réunit l’été autour du patriarche sur une île privée : les enfants sont inséparables, surtout les Menteurs dont Cadence est l’aîné. Le roman raconte leur histoire.

Ce roman est déroutant. Nous commençons le récit avec Cadence, surnommée Cady. C’est une jeune fille solitaire, percluse de douleurs, de migraines qui lui donnent de violentes nausées. Elle est en désaccord avec sa mère, l’archétype de la bourgeoise tirée à quatre épingles, murée dans l’absolue nécessité de ne montrer aucune faiblesse. Cadence nous apparaît tout de suite torturée et n’arrête pas de parler de son accident, entretenant donc un suspense terrible. Nous n’avons de cesse d’essayer de comprendre ce qu’est cet accident. Nous n’en pressentirons le teneur qu’à la fin, et c’est alors que nous percevrons toute l’étendue du drame. Ce petit roman n’est pas seulement une historiette. Il nous parle de tragédie, de douleur, d’acceptation, de déni et d’une souffrance si forte que le corps la balaye niant son existence, mais l’esprit ne peut garder aussi longtemps des œillères et ce que l’on ne veut pas affronter ressort, s’insinue, s’immisce et trouve mille et unes petites façons de réapparaître. J’ai beaucoup aimé cette partie de l’oeuvre. Finalement, tous les maux des personnages sont porteurs de sens. Il nous faut voir au-delà des petites douleurs quotidiennes et bénignes pour essayer d’appréhender la vérité. Migraines, douleurs, vomissements, charité excessive, transformation du corps : rien n’est anodin et les non dits n’en deviennent que plus retentissants.

          Je ne suis pas une grande fan des enfantillages, des récits de bêtises des cousins et des cousines, des petits mensonges entre ados, des chamailleries des tantes. Certains passages dans ce roman m’ont semblé un peu longs, mais la révélation à la fin  a su atténuer cette impression. Certaines disputes ont pris leur sens à la lumière des souvenirs revenus. Je pense finalement que l’on avait besoin de ces passages pour  préparer la fin, pour entretenir chez le lecteur la confusion propre à faire émerger les révélations et à leur donner leur pleine mesure, pour montrer aussi la difficulté à survivre après l’accident, pour montrer la confusion entre réalité et désir, pour montrer le long cheminement de la prise de conscience, de l’acceptation et de la culpabilité.

      Ainsi, ce roman ne restera certes pas dans mes préférés, mais il est vraiment intéressant. Sous couvert d’une histoire d’adolescents, d’une saga familiale, il évoque des thèmes durs et bouleversants. Le suspense est bien là, nous offrant une chute glaçante et bouleversante.  

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