Pauline, Alexandre Dumas.

Résultat de recherche d'images pour "pauline dumas"         Pour mon Bookclub du mois d’août, nous devions nous plonger dans un roman d’Alexandre Dumas. Force est de constater que certains sont bien connus et ne m’inspiraient pas, justement pour cette raison. J’avais envie d’en prendre un dont je ne pouvais pas citer le titre de prime abord. Mon choix s’est porté sur Pauline, son premier roman. Un roman assez bref compte tenu la verve habituelle de l’auteur mais dont le résumé me plaisait bien.

       La jeune Pauline de Meulien épouse le Comte Horace de Beuzeval, mais quel terrible secret cache son existence? Alfred de Nerval, follement épris de la jeune femme, sans espoir d’être aimé en retour, tentera par tous les moyens de percer ce mystère, au péril de sa vie.

         La structure du roman est intéressante. Les récits enchâssés sont à la fois captivants et frustrants. Toute la première partie par exemple est terriblement agaçante car elle ne se compose que de rencontres ratées entre Nerval, une jeune femme et le narrateur. Je me demandais sans cesse quand l’auteur en viendrait au cœur du sujet : Pauline! Pourtant, il faut reconnaître que cela a aussi décuplé mon envie de poursuivre tout en nourrissant mon intérêt pour les personnages. Le côté mystérieux de cette jeune femme croisée plusieurs fois aux côtés de Nerval, la mention justement d’un autre auteur, contemporain, qui nous suggère que les faits ont vraiment eu lieu, le secret autour de l’identité de la dame et le temps nécessaire avant de raconter son histoire : tout cela donne un charme suranné à la lecture et nous transporte dans une autre époque. De plus, en différant les éléments clefs et leur révélation, Dumas parvient à attiser les braises de notre curiosité, tout en nous offrant un écrin censé assurer l’authenticité de ce récit. La vie de Pauline, contée par Nerval, les précautions pour ne pas divulguer tous ces secrets entretiennent l’illusion que tout cela a eu lieu et que nous entrons dans le cadre d’une confidence.

      Lorsque s’ouvre le récit de la vie de Pauline, nous retrouvons comme une bouffée d’air toute l’époque de Dumas : les duels, les bals destinés à favoriser les rencontres et les mariages, l’éclosion des premiers sentiments, la hardiesse du jeune premier, séducteur et la naïveté de la jeune fille tout juste en âge de se marier. La scène de première rencontre est d’une importance capitale pour Pauline et son futur mari, une fois de plus, tout se joue dans ces premiers instants : ce que les autres disent de lui, ses actes, l’interprétation que l’on en a. Jamais Pauline ne pourra se défaire de ce regard admiratif sur l’homme qu’elle épousera et qui est intimement lié à cette première rencontre… du moins, pas avant qu’il ne soit trop tard. Néanmoins,  le lecteur démasque l’époux bien plus vite qu’elle et sourit ou s’agace parfois de la candeur naïve de cette jeune femme. 

      Horace de Beuzeval est une figure intéressante ici. Il correspond à un idéal romanesque : l’homme brave, courageux, qui fait preuve d’un sang-froid à toute épreuve, audacieux, riche également. Son lourd secret correspond également à l’esthétique engagée et, si le lecteur comprend bien vite ( bien plus vite que Pauline!) de quoi il retourne, à aucun moment, cela ne gâche la saveur du livre. J’ai beaucoup aimé cette figure à la fois admirable et détestable. Un être ambigu, fait de demi teintes et de soif d’admiration. Nous avons là la figure de l’ambitieux qui se dessine en filigrane.

       J’ai aimé retrouver sous la plume de Dumas les descriptions de paysages vantant les beautés de la nature, mais aussi  les envolées lyriques : amour, amitié, haine féroce, désespoir. Mais, car il y a un mais, cela devient un peu pesant aussi par moments. J’aurais bien eu envie de sauter quelques descriptions qui ralentissaient le récit.  Néanmoins, en peu de pages, nous sommes immergés dans le romantisme – littérairement parlant- et dans le romanesque peuplé d’amants éconduits, d’amours malheureuses, de déceptions et de drame. Le rythme est donc plutôt soutenu dès lors que nous entrons dans le récit de la vie de Pauline.  Il ne se passe pas longtemps avant que le bonheur de son mariage ne se gâte et ne la plonge dans de terribles souffrances.

      Dumas parvient à créer ici une atmosphère toute particulière qui ajoute du sel au récit. Non seulement secrets et non dits gangrènent  la société et le mariage de Pauline, mais beaucoup de choses se déroulent le soir voire la nuit. Éclairée de la faible lueur d’une bougie, la jeune femme explore certaines ailes du château de son époux, trouve des portes dérobées, entend des bruits inquiétants, se  heurte aux silences d’un domestique étrange. Les ruines alentours jouent leur rôle et deviennent un véritable atout dramatique. Elles se chargent presque d’une existence propre en donnant du corps aux brigands sans scrupule, aux assassins, devenant le caveau de témoins gênants. La tempête et les forces de la nature abattant l’homme tient aussi le beau rôle car sans elle, le secret n’aurait pas été dévoilé. Toutes les descriptions faites de ces errances nocturnes à la recherche d’abri ou de vérité concourent à la tension dramatique en insistant sur les apparitions échevelées, sur le désespoir, la surprise et la peur. Nous retrouvons donc en plein les caractéristiques du roman gothique dans ce petit livre, comme un condensé de thèmes chers à l’époque et, somme toute, terriblement efficaces.

        Ainsi,  Pauline est tout à fait caractéristique de son époque et j’ai eu grand plaisir à replonger dans ces récits du XIXe s, mi- romanesque, mi-gothique, empli de romance, de faux semblants, de choses trappes et de brigands sillonnant la campagne au gré de leurs exactions. Une lecture captivante, qui est assez condensé pour ne pas lasser parce que malgré tout, certains passages sont un peu pesants. 

 

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