Un sac, Solène Bakowski.

Un sac par Bakowski     J’avais déjà vu passer des romans de Solène Bakowski dans des chroniques littéraires, mais c’est avec Un Sac que j’ai réellement découvert son univers, et, très vite, j’ai été déroutée.

  La quatrième de couverture était terriblement énigmatique et tentante. Une vieille femme qui élève une enfant et ne se doute pas qu’elle élève un monstre. Il n’en fallait pas plus pour piquer ma curiosité! Mais ce « résumé » est très lacunaire. En réalité, nous suivons Anna-Marie Caravelle et son destin : ses parents, sa naissance et sa vie jusqu’à ses vingt-cinq ans environ. Une vie marquée par la souffrance, par le deuil, par le tragique et le sang.

    La narration est assez singulière. Deux récits alternent. D’une part, une inconnue au pied du Panthéon, un sac dans les bras. D’autre part, le récit à la première personne de la vie d’Anna-Marie. Nous découvrons assez vite le lien entre ces deux fils narratifs, même si le contenu du sac ne nous frappe que dans les dernières pages. Cette narration a eu un étrange effet sur moi. Très vite, je me suis distanciée de l’héroïne, une sorte de répulsion instinctive s’est emparée de moi, ce qui m’a déplu car ma lecture en a été grandement affectée. J’ai d’ailleurs hésité à laisser de côté ce livre, c’est dire!

     Le personnage d’Anna- Marie m’a fortement dérangée, ce qui est rare car j’ai tendance à adorer les personnages cabossés par la vie. Mais voilà, Anna-Marie l’est trop pour moi et un certain nombre de ses actes m’ont mise mal à l’aise par leur violence, par leur gratuité et surtout par l’apparente désinvolture avec laquelle le personnage les accomplit et les accepte. C’est étonnant car je suis habituée à lire des thrillers avec des crimes sanglants, mais là, quelque chose m’a titillée et m’a gênée au plus profond de mon cœur. Peut-être d’ailleurs est-ce lié à cette narration à la première personne qui m’a plongée dans la tête de la jeune femme.

     Alors bien entendu, Anna-Marie n’est pas juste un monstre. Elle est plus complexe que cela : à la fois victime et bourreau, elle souffre plus souvent qu’à son tour, fait preuve d’une candeur terrible et ne comprend pas bien les codes de la société. A cela s’ajoute un héritage familial bien (trop) lourd pour les frêles épaules d’une enfant. Elle bascule. Mais en même temps, c’est aussi un personnage en quête de rédemption, consciente de sa folie et de sa dangerosité. Curieusement, je me suis surprise, à la fin du récit, à la plaindre. Dans les derniers chapitres, la vie est d’une cruauté sans nom, les hommes sont d’une cruauté sans nom et la victime éclate en plein derrière le bourreau.

     Malheureusement, aucun des personnages ne m’a réellement conquise : ni Camille l’artiste raté, ni Max le séducteur paumé, et encore moins Moni n’ont pu capter mon empathie. Par contre, ce pauvre Tolstoï (c’est le nom d’un chien…) m’a littéralement brisé le cœur, endeuillant encore un peu plus une lecture déjà sous le sceau de la douleur. Je m’attendais donc à rédiger une chronique très négative tant j’ai peiné au début à lire, mais je dois reconnaître que la plume de l’autrice est fluide et glaçante, ce qui s’accorde bien au propos ainsi qu’aux personnages marginaux, hors normes, qui prennent vie entre ces pages. Si ma déception était criante au début, je ne saurais plus dire désormais quel sentiment l’emporte après avoir refermé le livre : le malaise est bien présent, de la compassion pour Anna-Marie couplé à un rejet viscéral de ce personnage éminemment dérangeant. Bref, des émotions contradictoires et paradoxales.

     Ainsi, Un sac est un thriller détonant et glaçant qui ne m’a décidément pas enthousiasmée. Anna-Marie retrace pour nous ce que fut son histoire, celle d’une femme qui, toute sa vie, joue au funambule au bord de l’abîme, menaçant à chaque instant de basculer dans la folie.

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