Ses yeux bleus, Lisa Hågensen.

Ses yeux bleus par HÃ¥gensen      Ma grand-mère m’a offert ce roman policier il y a quelques semaines à peine… et l’histoire me semblait prometteuse. Une bibliothécaire, Raili, passe ses vacances dans son chalet, isolé dans la forêt de Lövaren. Elle fait plus ample connaissance avec ses voisins dont Olofsson, un vieil homme un peu bourru, qui lui tient d’étranges propos sur les habitants du coin. Mythomanie ou réels secrets? Toujours est-il que la disparition d’Olofsson contraint Raili à mener l’enquête.

      Tout d’abord, j’ai trouvé la plume de l’auteur très fluide. J’avais à peine ouvert les pages du roman que je me suis sentie à mon aise. L’écriture est douce et précise, elle sait se faire incisive et angoissante aux moments clefs ou au contraire légère et drôle. J’ai même franchement ri à la lecture d’un passage : un comble dans un roman policier! (pour ceux que ça intéresse et qui liraient le roman, rendez-vous page 81!)

      Cette écriture permet de façonner un personnage principal un peu hors norme dans le polar. Raili n’a rien d’un enquêteur… et pourtant, elle s’improvise comme telle et a, ma foi, de bonnes intuitions. Elle est attachante et désespérante aussi parfois avec ses atermoiements, ses hésitations, ses maladresses. Nous avons là un personnage réellement sympathique. La quatrième de couverture la décrit comme « un mélange de Bridget Jones et d’Hercule Poirot » et je dois dire que je suis assez d’accord. Ce mélange est par ailleurs très savoureux. J’ai vraiment eu une tendresse toute particulière pour cette femme cabossée par la vie, qui se fourre dans un guêpier qu’elle ne soupçonnait même pas et qui avance tant bien que mal dans son enquête.

      L’intrigue met un peu de temps à se mettre en place. De fait, le premier mort avéré n’arrive pas tout de suite, mais cela ne m’a pas dérangée en réalité. Au début, nous apprenons à connaître les personnages, et nous reconstituons le puzzle des vies passées. Une fois le premier cadavre découvert, tout s’enchaîne de manière beaucoup plus rapide, au gré de l’enquête souterraine de Raili, de ses erreurs et des tentatives de l’assassin pour se couvrir. A cela s’ajoute une deuxième histoire, celle de Kirsti, en 1670. J’ai découvert avec bonheur cette structure que j’adore et qui sort des sentiers battus malgré tout, puisque nous suivons l’histoire de Kirsti mais à rebours! Et il faut reconnaître que sa vie est glaçante. Si je devais y trouver un bémol malgré tout, nous voyons bien vite le lien entre l’histoire de Kirsti et les événements récents, même si nous ne devinons pas tous les détails.

      L’originalité de ce roman policier vient de la part de surnaturel qui l’innerve… Et qui marche à la perfection! Pour la première fois depuis bien longtemps, je me suis sentie glacée lors de ma lecture, je me suis surprise à écouter les bruits, la nuit, dans la maison solitaire. Un délice! Le titre est en réalité programmatique et devient comme un leitmotiv déroutant et vide de sens pour les personnages, tandis que le lecteur, lui, comprend assez vite où l’auteur veut en venir, sans que cela n’inhibe l’effet de l’écriture.

      Enfin, Ses yeux bleus est le premier volet d’une trilogie. Lorsque je m’en suis rendue compte, je me suis dit qu’une partie du récit allait sans doute rester en suspens et qu’il me faudrait attendre longtemps avant d’avoir le fin mot de tout ça. Eh bien non! Pour mon plus grand bonheur, ce premier volume constitue un tout. Nous avons les réponses à nos questions, chaque mort trouve une explication. Bien entendu, quelques éléments laissent entrevoir une suite possible, mais le lecteur n’est pas frustré en ayant l’impression que le récit est coupé à un moment capital, et c’est fort agréable!

      Ainsi, j’ai vraiment adoré Ses yeux bleus : c’est un très bon polar, délicieusement glaçant par sa part de surnaturel et agréablement léger par les tribulations de Raili, plus maladroite et gauche que fin limier. J’attends désormais la suite avec impatience!

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