Opération Sabines, Monts et merveilles 1, Nicolas Texier.

Résultat de recherche d'images pour "opération sabines"     Petite lecture commune avec ma mère, juste pour le plaisir. Le résumé nous plaisait bien, cela semblait dense et intéressant. La sublime couverture de Melchior Ascaride a fait le reste!

      Le roman met en scène Julius Khool, un vieux soldat maure aspirant à la paix et Carroll Mac Maël Muad, un jeune enchanteur quelque peu dilettante. Tous deux sont recrutés – de force- pour retrouver Valère, une connaissance de Julius dont les découvertes scientifiques pourraient faire basculer l’équilibre du monde. Bien entendu, ils ne sont pas le seuls et les affrontements seront fréquents entre polices et entre créatures merveilleuses.

      Ce roman mêle donc différentes genres littéraires : l’uchronie, le roman d’espionnage, le polar, la fantasy… Nous sommes face à une Europe étrange, où le XIXe siècle rencontre le XXe,  où les mages côtoient des scientifiques établissant des théories très modernes sur l’atome. Les services secrets romains comme anglais nous entraînent du côté de la modernité, mais le mage Carroll, Julius et son parcours, nous renvoient aux temps passés, et ce mélange crée une atmosphère très singulière, hors du temps et hors de notre monde.

      A cette caractéristique très originale s’ajoute un vrai travail sur la littérarité et la culture – le titre en lui-même était d’ailleurs programmatique avec son allusion à l’Antiquité. Ganesh, Jack l’éventreur ou les Leprechauns (entre autres!) sont autant de personnages qui se croisent entre ces pages. De plus, le roman est parsemé de citations de poètes, Keats, Hugo, Shakespeare et cela ajoute une strate de sens à l’oeuvre. Grâce à Julius ou encore à la comtesse dona Becca, la poésie est mise en abîme et cela sert l’économie d’ensemble puisque les artistes du roman permettent l’introduction d’un personnage clef : la vampire Gwaërnadel. Or, ce foisonnement a eu tendance à me perdre, une fois n’est pas coutume, comme si finalement, il y en avait trop.

      Mais – car il y a un mais – la narration est toute aussi singulière que le reste du roman. Julius raconte leurs aventures à la première personne. Et son récit est sans cesse entrecoupé d’anecdotes sur sa vie passée, de réflexions, de prises à partie du lecteur. Cela m’a immédiatement fait penser à Jacques le fataliste et son maître,  de Diderot, sans la partie philosophique peut-être, bien que ce roman de Nicolas Texier interroge les progrès des scientifiques et l’utilisation de leurs découvertes. Seulement voilà. Je déteste Jacques le fataliste et son maître… La lecture d’Opération Sabines a été en réalité très ardue pour moi. J’ai eu énormément de mal à entrer dans l’oeuvre et à m’y retrouver dans les mille et une digressions. Du coup, je n’ai pas vraiment accroché aux personnages pourtant hauts en couleurs. Valère, le jeune scientifique, angoissé et éternel enfant, est esquissé, mais ressemble plus à une marionnette que l’on bringuebale, Carroll est un jeune enchanteur bien naïf et finalement, fort peu compétent dans cette quête, quant à Julius, entre vantardises et digressions personnelles, il n’a pas su me séduire.

      Alors, oui, le récit est trépidant. Nous passons d’un monde à l’autre, du monde moderne, à l’outre-monde, parfois même sans nous en rendre compte, mais cela a eu sur moi l’effet d’un imbroglio terrible et de rebondissements invraisemblables, surtout vers le dénouement. C’est donc avec regret que je livre un avis plutôt négatif. Je suis certaine que ce roman peut plaire, mais définitivement pas à moi.

     Ainsi, Opération Sabines de Nicolas Texier est, à mon sens, un ovni littéraire… mais cela restera un rendez-vous manqué pour moi. 

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