J’ai découvert Les Oubliés de Léna Jomahé dans le cadre d’une opération lecture d’été, mais j’avais en projet de le lire depuis un moment en réalité. C’est donc avec un grand plaisir que je me suis jetée sur cette dystopie qui me faisait de l’œil.
La IVe Guerre Mondiale a achevé la planète, seules quelques villes protégées par des coupoles perdurent, chapeautées par le Nouvel Ordre Mondial et par le Grand Gouverneur. Chaque année, lors de la Rafle, les adolescents de seize ans sont testés puis affectés à un métier. Mais depuis quelques années, les Oubliés ont fait leur apparition. Des jeunes dont on perd toute trace après la Rafle… Qui sont-ils? Que leur arrive-t-il? Voici en réalité la hantise des jeunes et des parents. Simon, Aurore et Eléa arrivent à l’âge clef. Que leur arrivera-t-il? Le Nouvel Ordre Mondial est-il si bon?
Tout d’abord, ce roman commence de manière incisive avec la rafle d’Anaïs, la sœur aînée d’Eléa…. avant de se poursuivre avec celle d’Eléa. Les rebondissements foisonnent immédiatement. Événements inédits, changements d’affectation, découverte des lieux où les jeunes étudieront, révélations, rébellion, fuite… Tout s’enchaîne à un rythme éperdu, laissant à peine au lecteur le temps de respirer. En effet, il n’y a aucun temps mort dans le récit. Les découvertes sinistres de la réalité du régime font place à la fuite et à ses découvertes merveilleuses ou terrifiantes. C’est donc un tome 1 doté d’une réelle densité qui s’ouvre sous nos yeux : il pose les lieux, le nouvel ordre et ses dérives mais aussi un maillage complexe de personnages ! On ne tombe pas dans l’écueil du tome trop introductif et donc plat, bien au contraire! Une fois commencé, il est très difficile de le lâcher.
Les personnages sont la clef de voûte de l’oeuvre. J’ai été immédiatement conquise par Eléa. Elle est aussi têtue qu’intelligente, et elle ne se laisse pas démonter. Les autres n’ont qu’à bien se tenir! Si elle est une héroïne forte et intrépide comme nous les aimons, elle a aussi des failles et son impulsivité lui joue bien souvent des tours. Cela fait partie des choses que j’apprécie car cela lui donne une vraie dimension humaine : elle doute, s’interroge, s’emballe, elle souffre… elle vit! Simon, sa « moitié » (comme elle l’appelle) est lui aussi un personnage nuancé, bien que plus effacé. Son rôle reste déterminant. En réalité, même si je n’ai lu que le tome 1, j’ai déjà dans l’idée que rien n’est laissé au hasard, tous les personnages ont ou auront leur rôle à jouer, à un moment ou à un autre. Le garçon détestable, Alex, est peut être un allié, bien plus qu’on ne l’imagine, l’allié peut trahir… Finalement, dans ces univers, il faut aussi faire attention aux demi vérités et aux masques.
Le caractère des personnages est donc réellement abouti, tant pour les personnages lumineux que pour les monstres : Eléa, Anaïs, Simon, Gabriel, Izzie (qui est une bouffée de bonheur et de joie)…, chacun est ciselé et façonné avec une précision parfaite. Seules sont encore ébauchées Clara et son amie… qui auront sans aucun doute une importance redoutable dans la suite, car le tome 1 se conclut sur un cliffhanger terrible!
Enfin, comme dans toute dystopie, nous avons bien entendu un système oppressif, menteur, qui masque ses luttes de pouvoir derrière une pseudo-protection de la population. Les manigances sont bien montrées et dévoilées au compte-goutte pour faire sens. D’ailleurs, une des idées originales du roman est la fonction des « Oubliés », justement. Mais le texte s’enrichit aussi d’une strate supplémentaire avec une romance. Si cet aspect m’a parfois fait peur parce- que très présent (et parce-que je suis en général réfractaire aux romances…), l’auteure a su maintenir un équilibre certain et finalement, la part sentimentale n’a pas pris le pas sur le reste.
Ainsi, j’ai passé un excellent moment avec Les Oubliés, je me suis abîmée dans ma lecture, séduite par les personnages et par le rythme effréné. Le suspense de cette fin de première partie risque de m’achever!