Voici un polar qui me faisait de l’œil. J’en attendais beaucoup car la quatrième de couverture offrait de belles promesses… et j’en ressors ni complètement déçue, ni vraiment emballée. Étrange sensation.
Une jeune fille de la haute société, Andréa, est retrouvée assassinée ; son corps est prisonnier de la glace. Pour tous les hauts gradés de la police, il faut vite résoudre l’affaire, et sans faire de vague! Politique oblige. Le père de la victime est influent… L’enquête est confiée à une femme : Erika Foster, une revenante, presque, tant son passé douloureux est encore frais et vivace. Alors, entre embûches, entrelacs politiques, jeux d’influence et cache-cache avec le meurtrier, une longue lutte s’engage, une lutte pour la vérité. Finalement, dans cette haute société brillante, le vernis est mince et les secrets inavouables sont épais. Voilà ce que découvre Erika…
Il faut le reconnaître, le roman est très rythmé : l’enquête contient de multiples ramifications, chaque pas en avant se solde de deux pas en arrière et chaque lièvre levé semble finalement n’être qu’une fausse piste jusqu’à l’élément clef. En cela, le livre est réussi. Le crime sordide, des personnages détestables à souhait, une absence d’indice, des luttes intestines au sein de la police, tous les ingrédients d’un bon polar sont présents. Et pourtant… pourtant, je n’ai pas pleinement accroché : je n’ai pas vraiment vu l’intérêt de certains passages, qui m’ont semblé plus sensationnels qu’autre chose, certains passages très crus également m’ont paru prendre moins sens dans l’économie d’ensemble.
Une chose est néanmoins certaine : l’auteur sait rendre certains personnages détestables. Des chefs arrogants qui pensent plus à leur carrière et au politiquement correct qu’à la résolution de l’enquête, des nantis qui se croient au-dessus des lois, des personnages tellement amochés par la vie qu’ils en deviennent aigris et agressifs… il y en a une myriade! Et c’est peut-être là que ça a coincé pour moi. Finalement, beaucoup de personnages m’ont paru très antipathiques – c’était très certainement voulu par l’auteur- mais je n’ai pas eu assez de part d’humanité. Le duo Moss – Erika Foster, qui sont, à mon sens, les personnages les plus fouillés du point de vue humain, n’ont pas suffi à rééquilibrer la balance.
J’ai beaucoup apprécié le personnage de Moss : loyale, douce et en même temps forte et animée par de réelles convictions, elle est une alliée de choix pour notre courageuse héroïne. Erika, l’enquêtrice, est comme je les aime : cabossée par la vie, imparfaite, emplie de doutes. Détestée des uns, appréciée des autres, elle subit les pressions des nantis, et armée de ses seules convictions, elle s’entête à essayer de résoudre une enquête toujours un peu plus opaque. Elle porte à elle-seule la quasi totalité du roman. C’est un personnage très intéressant, mais pour autant, fait étonnant, je n’ai pas tremblé lorsqu’elle était en danger.
Alors, oui, La Fille sous la glace est un bon polar, bien ficelé, l’histoire est dense, mais il n’a pas réussi à m’emporter et à provoquer – chez moi- un réel élan du cœur pour les personnages.