14-14, Silène Edgar et Paul Beorn.

14 - 14 par Beorn      Durant ces vacances, comme d’habitude, un long trajet m’attendait pour aller voir ma famille. Qu’à cela ne tienne! Un petit roman pour me faire patienter et le tour était joué.  J’ai jeté mon dévolu sur 14-14, qui dormait dans ma liseuse. Et je ne regrette rien!

  14-14 est à la croisée des genres : récit d’adolescence, récit épistolaire mais aussi historique, avec un zeste de magie, il est parfaitement dosé pour nous emporter sans nous braquer. Il retrace les mésaventures d’Adrien, un adolescent du XXIe siècle  qui entame une correspondance avec celui qu’il croit être son cousin… mais qui se révèle être un garçon du siècle dernier (1914 pour être précise) : Hadrien. Au cours du roman, nous découvrons leurs soucis respectifs, différents et pourtant si éminemment proches : adolescence, école, amours, avenir, tout les préoccupe et de leur échange naîtra une autre façon de voir les choses. Ils se complètent l’un l’autre. Bien entendu, la guerre de 1914-1918 apparaît en trame de fond et son importance est cruciale dans le roman.

      Par petites touches, les auteurs distillent des éléments sur cette guerre et sur sa réalité,  ce qui leur permet de dramatiser le récit… Véritable épée de Damoclès, elle cristallise à elle-seule une grande partie du sentiment d’urgence dans le livre. Nous courons à la catastrophe finale, nous le savons, seuls les personnages semblent l’ignorer. Jusqu’à quand? Comprendront-ils l’enjeu à temps? Mesureront-ils à leur juste valeur les choses ?

     L’oeuvre nous parle également d’apprentissage – en terme scolaire bien sûr- mais aussi et surtout de l’apprentissage de la vie. Le roman questionne les liens avec Autrui, notre manière de l’appréhender et de nous présenter à lui, que ce soit un membre de la famille que l’on ne comprend pas (ou plus) ou quelqu’un d’autre. La question de l’honnêteté est ainsi posée car finalement, on ne rencontre vraiment l’Autre que quand on pose son masque et que l’on est sincère. Voici ce que nos héros apprennent peu à peu, dans la douleur parfois.

      Les personnages sont terriblement touchants et attachants, que ce soit notre Adrien du XXIe siècle, notre Hadrien du XXe siècle, Simone, Marion ou tous les autres. Lorsque la tension est à son comble, je me suis surprise à m’en vouloir de ne pas lire assez vite pour découvrir si un tel ou un tel serait sauvé, si la lettre arriverait à temps… Finalement, les peines adolescentes trouvent une résonance en nous car le récit nous parle d’humanité, sous couvert de nous parler d’adolescence. Enfin, et c’est là une jolie réussite,  grâce à leurs personnages, les auteurs arrivent aussi à incorporer un soupçon d’humour, ce qui procure une pause rafraîchissante au milieu de la tension.

      Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé cette lecture : douce et pourtant dramatique, elle nous parle de deux souffrances qui se rencontrent, deux adolescents aux prises avec leur temps et leur construction. La petite histoire s’associe ici à la grande pour nous faire vibrer avec deux destins qui nous emportent toujours plus avant. Une très jolie découverte pour ma part. 

 

 

 

Une réponse sur « 14-14, Silène Edgar et Paul Beorn. »

  1. J’ai beaucoup aimé cette lecture, conseillée par les rêveries d’Isis.
    Merci pour le conseil. Je me suis plongée avec passion dans cet univers, qui trouve tout son sens aussi dans notre époque.
    Encore une fois une merveilleuse découverte

    J’aime

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