Ce roman policier m’a particulièrement plu. J’avais déjà lu un autre roman de cet auteur La Maison où je suis mort autrefois et j’ai retrouvé avec plaisir le style et l’univers de l’auteur. Une fois de plus, j’ai été entraînée dans les méandres de l’esprit humain et de ses contradictions.
Ce roman policier s’ouvre sur un meurtre – sans violence- ce qui est en soi déjà agréable. Un homme est empoisonné. Le point captivant, c’est le caractère presque insoluble de ce crime pour les enquêteurs. Ils semblent faire face au crime parfait et chaque piste débusquée se révèle être une impasse.
A cela s’ajoute le charme fou de la veuve qui captive l’enquêteur et semble même lui faire perdre ses moyens. C’est du moins ce que pense sa collaboratrice… non sans s’opposer à lui ! Cette tension au sein du duo d’enquêteurs ajoute du sel au roman.
Les personnages sont complexes et sont tissés de contradictions, ce qui s’avère être particulièrement savoureux pour le lecteur : deux femmes, un homme assassiné. L’épouse éplorée qui s’appuie sur son assistante, la maîtresse omniprésente dans le roman. Un étrange ballet se déploie bientôt sous les yeux des inspecteurs et du public : les relations entre la veuve et la maîtresse semblent incompréhensibles !
Les inspecteurs déroutés feront appel à un ami, scientifique de génie, personnage étonnant, génial mais en retrait pour qui seule la science compte. Il est le premier à poser la question fondamentale : ne serait-on pas face au crime parfait ? Commence alors un savant travail d’enquêteur – presque à l’aveugle- pour dresser un portrait juste de la victime… qui semble de plus en plus détestable et égoïste au lecteur, jusqu’à la révélation de l’élément clef, cet élément en apparence anodin mais qui en peu de temps permet de relier passé et présent, déroulant l’inextricable pelote sur laquelle butaient les inspecteurs. Il ne leur reste plus qu’à formaliser leur trouvaille, emboîter correctement les preuves et enchaîner les choses dans le bon ordre, pour enfin confondre le coupable.
En bref, ce roman est réellement savoureux pour l’incroyable complexité psychologique des personnages. Crime passionnel –mais pas la passion à laquelle s’attend le lecteur-, complexité des personnages, circonvolutions de l’esprit humain, espoir que l’autre changera, détermination : voici une fois de plus des héros à la psyche captivante et entraînante. Le lecteur suit les atermoiements des inspecteurs, leurs doutes et leurs taquineries mutuelles. Mais il s’interroge aussi sur les suspects jusqu’à découvrir une chute étonnante et inattendue.
Un très bon roman policier, sans effusion de sang et de violence.