Les Chiens, Allan Stratton.

Les Chiens          J’ai découvert ce roman un peu par hasard, le titre et la quatrième de couverture m’ont tout de suite intriguée : je ne voyais pas le lien entre « les chiens » et la promesse du résumé. Il ne m’en fallait pas plus pour me plonger dedans! Et je l’ai dévoré! 

        Le roman retrace l’histoire de Cameron et de sa mère qui fuient un père violent et arrivent dans une ferme isolée au beau milieu de la campagne… Un endroit abandonné, qui regorge de secrets et fait froid dans le dos. Cameron mène l’enquête… pour le meilleur et pour le pire.

        Autant le dire tout de suite, ce roman sélectionné pour le prix des Incorruptibles 2017-2018, est destiné aux adolescents. On le sent particulièrement à la langue: langage familier, abréviations, la narration est proche du monde de nos adolescents et est à même de leur parler. Le héros est également un adolescent et ses déboires au collège ne peuvent que toucher le lecteur. Mais, étrangement, cela ne m’a pas dérangée, et plus j’avançais dans le roman, plus je trouvais un charme subtil à cette narration fluide qui a réussi à retrouver et à remodeler le lien avec l’oralité des contes. 

     L’histoire est dense et prenante. Aucune ligne n’est en trop, aucun passage n’ennuie, tout contribue à emmener le lecteur vers une chute aussi étonnante qu’émouvante, qui éclaire enfin le titre. Le lecteur est donc pris dans une course folle qui l’entraîne toujours plus avant dans l’enquête de Cameron. Nous sommes peu à peu piégés comme le héros dans un univers tantôt merveilleux, tantôt oppressant. Ce qui est particulièrement efficace, est que nous oscillons sans cesse entre monde réel et surnaturel. Le lecteur comme le héros peinent à démêler le vrai du faux, et, tout comme Cameron, nous nous interrogeons sur les limites de la réalité.

     Cameron est particulièrement touchant. L’auteur ne le ménage pas, et comme lui, nous nous demandons sans cesse si ses découvertes sont des élucubrations d’enfant traumatisé, des rêves, ou s’il touche du doigt une vérité sordide, cruelle. Cet adolescent émeut par sa clairvoyance, par ses doutes, par ses peurs. Il m’a aussi touchée par son imagination débordante, par sa manière de s’imaginer sans cesse mille et une choses. 

       Je dois aussi avouer que le lien entre Cameron et Jacky, l’enfant qui a vécu dans cette ferme auparavant, est très efficace. Les deux histoires se répondent, en miroir, et chacune éclaire l’autre. De manière subtile, l’auteur parvient à tisser les fils invisibles du temps, à relier les époques et à donner du sens au hasard.

 C’est objectivement une réelle réussite!  J’ai passé un très bon moment avec ce livre.

 

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