The old man, Thomas Perry.

Je ne connaissais pas Thomas Perry, mais le résumé de son roman m’a convaincue de me laisser tenter, même si j’appréhendais un petit peu.

Le roman met en scène Dan Chase, un ancien agent du renseignement américain, envoyé en Lybie au début des années 1980 : il devait fournir 20 millions de dollars à un chef de guerre, mais l’opération a mal tourné. Trente-cinq ans plus tard, son ancienne vie refait surface, et Dan, qui vivait pourtant caché, solitaire doit se lancer dans une longue cavale et trouver une issue.

En attaquant ce roman, je craignais que les personnages ne soient manichéens, que tout manque de nuance. J’imaginais déjà le long et pénible déroulé des forces spéciales intervenant, comme cela arrive dans certaines séries ou films, avec des morts en pagaille, des coups de feu à tout va… Force est de constater que ce n’est pas le cas. Dan est traqué par un jeune homme brillant, à l’esprit affûté et aux manières subtiles dans le combat. Ironie douloureuse : ce jeune envoyé à ses trousses est ce que Dan était trente cinq ans plus tôt. J’ai beaucoup aimé le jeu qui se crée entre ces deux-là. Chacun anticipe ce que l’autre fera, aucun ne sous-estime son adversaire, et surtout aucun des deux n’est aveuglé par des ordres. Chacun garde son libre-arbitre, chacun adopte un recul réflexif lui permettant d’analyser au mieux les circonstances. Cela m’a agréablement surprise et cela confère une très belle humanité aux deux personnages. Ces meilleurs ennemis sont finalement l’élément clef dans la résolution du problème. Dan comprendra grâce à ce jeune homme ce qu’il lui reste à faire, et son adversaire apprendra sur lui-même et sur l’institution au passage. Leur affrontement nourrit chacun d’eux.

Dan est un héros captivant : c’est un homme âgé et pourtant, il ferait pâlir d’envie plus d’un petit jeune tant sa maîtrise de l’échiquier politique et militaire est fine. Il est un père aimant pour sa fille, et à travers les lignes, nous sentons aussi qu’il a été un mari aimant. S’il manipule un peu Zoé dans un premier temps, il reste un gentleman avec elle, d’une certaine façon, faisant en sorte qu’elle ait toujours une échappatoire. D’ailleurs, Zoé m’a un peu agacée à un moment, mais les révélations la concernant me l’ont rendue sympathique et ont permis de donner un peu plus de profondeur à ce personnage.

Le rythme du récit est haletant. Nous suivons Dan dans sa cavale, d’identités en identités et nous nous étonnons de la facilité avec laquelle il se glisse dans la peau de ses personnages, de la complexité de l’édifice qu’il s’était construit pour échapper à ce jour funeste qui est arrivé. J’ai été bluffée par la manière dont le plan de Dan est dévoilé peu à peu, par sa finesse d’anticipation. J’ai bien évidemment pressenti la seule issue qui allait s’offrir à lui, mais au sein même de cette partie qui ne m’a pas surprise, j’ai été tenue en haleine par les embûches qu’il surmonte, par les rebondissements et par le suspense qui est maintenu de bout en bout. L’ensemble est porté par une narration fluide et agréable.

Ainsi, The Old man est un excellent roman. Si certaines thématiques ne sont pas nouvelles, l’ensemble est ici exécuté à la perfection, offrant de beaux rebondissements et mettant en scène des héros attachants doté d’une belle humanité.

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