Le Colis, Sebastian Fitzek.

Le colis par Fitzek      Ce roman des Editions l’Archipel m’intriguait depuis un moment, depuis la sortie du trailer en réalité. L’atmosphère, le résumé, le titre un peu énigmatique… tout me donnait envie. Alors, quand je l’ai eu entre les mains cet été, ni une ni deux, je l’ai dévoré. D’abord, lors d’une séance plage avec ma nièce puis… j’ai séché la plage et j’ai fini mon livre!

      Pour vous mettre en appétit : Emma Stein est psychiatre, victime d’une agression, elle se retranche chez elle, épaulée par son mari. Elle vit recluse, dans la peur de croiser encore la route de son agresseur, jusqu’au jour où tout bascule : on lui demande d’accepter un colis pour son voisin… un voisin dont elle ignorait l’existence jusque-là.

      Tout d’abord, ce thriller commence sur les chapeaux de roue. Les quatre premiers chapitres font monter la tension de manière constante jusqu’au premier drame. Autant dire qu’en cinquante pages à peine, nous sommes déjà ferrés. Il y a d’une part, une situation étrange et vaguement inquiétante qui se déroule durant l’enfance d’Emma – que nous ne comprendrons pleinement qu’à la toute fin de l’oeuvre, même si nous suspectons quelques petites choses; d’autre part, sa mésaventure qui se solde par une agression. Le ton est donc très vite donné : sensation d’oppression, d’impuissance et d’incompréhension… nous nous mettons vite au diapason de l’héroïne et basculons avec elle. Ce qui est alors intéressant, c’est la suite. Ne vous attendez pas à une enquête pour trouver l’assassin. Ici, nous sommes au cœur du thriller psychologique et tout est centré sur Emma et sur la manière dont elle rebondit (ou pas!) suite à son agression. Cette héroïne est très particulière et déroutante. Elle est parfois agaçante par son incapacité à agir, comme si elle avait perdu tout tonus. En même temps, vu le traumatisme vécu, nous la comprenons et la plaignons, mais son refus d’être aidée m’a titillée et agacée. Finalement, je ne saurais dire si j’ai aimé le personnage d’Emma tant elle suscite des émotions contradictoires tout au long de l’oeuvre. Néanmoins, j’ai été happée dans son histoire, et je n’ai pu me détacher du livre avant de l’avoir fini.

      Le montage romanesque de ce thriller est d’une efficacité redoutable. Le lecteur et Emma perdent pied. Un chapitre annihile les informations que nous pensions avoir glanées dans le précédent, les contours de la réalité s’effritent et s’estompent au profit d’un univers fantasmé, rêvé, revisité par un esprit en souffrance, abruti de médicaments et de défiance. Cocktail explosif. Nous aussi, nous doutons de la santé mentale du personnage et nous sommes emportés dans une course folle pour essayer de nous dépêtrer de cet imbroglio. Peu à peu, nous assistons à la descente aux Enfers d’une femme qui semble sombrer toujours un peu plus dans la folie et la paranoïa. Contre toute attente, cette déliquescence du monde réel est fascinante. Plus d’une fois, nous exhortons Emma à se reprendre, à ne pas faire la bêtise qu’elle est sur le point de commettre, plus d’une fois, nous la croyons sauvée… jusqu’à l’acmé du roman.

      De page en page, Emma est malmenée, secouée, déchirée entre son instinct, ses peurs, ses doutes et sa paranoïa. Tout son monde s’écroule peu à peu, et, comble de l’ironie, lorsqu’elle croit enfin avoir sorti la tête de l’eau, avoir mis fin au cauchemar, le gouffre s’ouvre sous ses pieds et ses derniers repères s’évanouissent. Dans ce but, les personnages qui gravitent autour d’Emma sont magnifiquement ciselés : son mari, adorable et détestable, est une figure clef; Jorgo, l’équipier de son mari aussi; le facteur bien évidemment qui fait office de détonateur et enfin le duo de meilleurs amis… Aucun détail n’est laissé au hasard, et l’élément le plus insignifiant prendra sa pleine mesure à un moment donné. Alors bien sûr, quelques détails semblent un peu exagérés, mais, honnêtement, je l’ai bien vite oublié, dans ma frénésie de lecture.

      Vous l’aurez compris, dans ce roman, tout concourt à la catastrophe finale, et le montage correspond à celui d’une tragédie. Cela finit mal, sans nous laisser une seconde de répit, nous naviguons à vue, dans un brouillard épais et tombons de Charybde en Scylla. L’ensemble du récit est donc addictif et intense. Mon esprit s’est emballé plus d’une fois : je me suis perdue en conjectures, suspectant l’un, corrigeant mes idées, pour y revenir triomphalement vingt pages après et… pour me rendre compte encore plus loin que je m’étais lourdement trompée ! J’ai adoré être menée en bateau comme ça. La chute du roman est absolument un petit bijou : jamais je n’aurais soupçonné cette complexité, ce renversement de situation, et je m’en suis donc délectée. Quel brio!

       Ainsi, j’ai eu un coup de foudre pour ce thriller psychologique, et pourtant, je suis difficile en la matière car je m’y ennuie vite. Le Colis est une lecture dense et intense qui emporte le lecteur aux confins de la folie, sur les rivages de la cruauté et de la manipulation. J’en suis sortie étourdie et subjuguée. En bref: un récit magistralement mené! 

2 réponses sur « Le Colis, Sebastian Fitzek. »

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