Echanges, Danielle Thiéry.

Résultat de recherche d'images pour "échanges thiéry"        J’ai commencé ce roman il y a quelques temps déjà, et il est devenu mon roman « quart d’heure lecture », comprendre que je l’ai lu au travail, en pointillés donc, mais aussi sur certains weekends où j’ai bougé. Ce fut donc mon roman « sac-à-main », l’image est bien là, si le terme n’existe pas dans la vraie vie…

      Echanges met en scène la commissaire Edwige Marion, qui, après une grave blessure aux séquelles importantes, est mise de côté, travaillant exclusivement sur des cold case. Mais bientôt, l’enlèvement d’un petit garçon bouleverse les équipes, précipite le quotidien et fait resurgir de vieux spectres. La commissaire Marion s’élancera sur la piste qu’elle subodore, faisant fi des consignes et des règles.

       Ce roman n’est pas le premier de la série des enquêtes du commissaire Marion. Je reconnais fort bien que je me suis compliquée la tâche en commençant par celui-là, d’autant qu’au début de ce tome, elle souffre des séquelles d’une blessure obtenue au cours d’une autre enquête. Il m’a donc manqué des références, même si l’autrice fait des rappels des éléments clefs. Je pense qu’il est plus judicieux de lire les différents volumes dans l’ordre, pour savourer pleinement les histoires parallèles, les fils secondaires, mais dans l’absolu, une fois les premiers éléments passés, j’ai presque oublié qu’il y avait eu des étapes avant.

       Les personnages sont intéressants, même si certains sont peu développés. Du reste, je présume que selon les tomes, leur rôle varie et prend plus ou moins d’ampleur. Du coup, cela ne m’a pas particulièrement dérangée, même si je me suis parfois un peu perdue dans la galerie des personnages secondaires. En effet, nous trouvons de nombreux services de police qui collaborent au gré des avancées de l’enquête, des anciens collègues sont évoqués, dans différentes villes et cela colle parfaitement à la complexité de l’enquête. Il est donc impossible de reprocher quoi que ce soit à la structure du roman, s’il y avait moins d’intervenants, cela semblerait artificiel ou peu crédible. De plus, il est agréable de voir s’agiter les différents professionnels,  de les voir essayer de comprendre et de dégager une unité et une structure dans ce qui semble être un amas épars d’indices et de suspicions. Enfin, la confrontation entre Marion et certains anciens collègues ou certains anciens témoins est plutôt intéressante, oscillant entre anecdotes cocasses et franc portrait négatif. L’avantage de ces éléments, c’est qu’ils contribuent à brouiller les pistes, pour nous lecteur. Nous sommes assaillis d’informations que nous ne sommes pas en mesure de relier les unes aux autres, tant que la commissaire n’a pas mis le doigt sur l’élément décisif.

     Le commissaire Marion est la clef de voûte de ce livre. Elle est fascinante pour ses intuitions géniales mais déconcertantes. Nous découvrons un personnage hors norme – du fait de sa blessure et de ses répercussions- mais aussi dans sa manière de travailler. Si elle semble monomaniaque, absorbée toute entière par le doute qui l’étreint et qu’elle tente par tous les moyens d’affermir, c’est aussi sa détermination et sa ténacité qui permettent in fine de dénouer l’imbroglio. J’ai aimé ce personnage fracassé par la vie, empli de fêlures et de blessures, animé par la soif de comprendre. Ses relations avec ses collègues et colocataires sont d’ailleurs savoureuses et ajoutent du piquant au récit, tout en humanisant l’ensemble.

       De l’enquête, je dirai peu de choses pour ne pas gâcher le plaisir de lire. Néanmoins, elle est ici dense et complexe. Elle a des ramifications jusqu’à l’étranger et sur des dizaines d’années. De choses trappes en méprises, une inextricable pelote s’est formée et il est difficile de démêler le vrai du faux. Le lecteur prend donc véritablement plaisir à assembler les pièces avec les enquêteurs, à lever le voile sur les mensonges, les stratagèmes, les fausses identités. J’ai  d’ailleurs particulièrement aimé la pirouette qui permet d’expliquer les disparitions, la manière dont les révélations sont conduites et le sens que prend le titre à la lumière de tout cela.

      Ainsi, Echanges est un vrai bon polar. Il n’est pas absolument nécessaire d’avoir lu les autres pour le savourer, mais nul doute que ça facilite l’entrée dans l’œuvre. Ici, vous apprécierez la complexité de l’enquête alliée à un sentiment d’urgence palpable, le tout servi avec des personnages délectables et étonnants. Une jolie réussite.

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