Je suis une inconditionnelle de Camilla Läckberg, et, au vu de mes attentes lorsque je saisis un de ses livres, j’aurais pu être déçue… Il n’en est rien !
Je me suis replongée avec bonheur dans l’univers que l’auteur crée avec brio et me suis délectée de côtoyer de nouveau Erika Falck, romancière têtue aux intuitions de génie, incapable de ne pas fourrer son nez dans les enquêtes de son mari Patrick Hedström ! Il faut dire qu’au fil de ses romans, le lecteur a l’impression de les connaître intimement. Nous suivons leurs bonheurs et leurs drames, nous sourions de leurs mauvaises habitudes. D’ailleurs, même les personnages en apparence secondaires comme Anna, la sœur d’Erika, deviennent importants : nous tremblons face à ses malheurs, espérons un répit, une part de bonheur pour cet être qui a souffert plus souvent qu’à son tour dans l’ensemble de l’œuvre. Bref, les personnages sont devenus pour moi de vieux amis dont je guette avidement des nouvelles…
Je me suis délectée une fois de plus du jeu de pouvoir entre Patrick et son chef, Bertil Mellberg, personnage haut en couleur, imbu de sa personne mais touchant de naïveté que Patrick doit à la fois ménager pour ne pas déclencher ses foudres… et écarter suffisamment des enquêtes pour éviter des bourdes ! Ce duo savoureux est habillement complété par tous les autres policiers du poste de Tanumshede. Sous la plume de Camilla Läckberg les personnages ne sont pas que des êtres de papier, ils prennent consistance.
Le roman s’ouvre sur un drame : une jeune fille portée disparue est retrouvée. Elle a subi d’horribles mutilations… S’ouvre alors une enquête lourde, pesante humainement, une enquête difficile qui nous amène aux confins de l’humain et nous fait réfléchir sur la banalité du mal : savons-nous reconnaître un homme mauvais ? Connaissons-nous si bien que cela les gens ? Et si le pire criminel semblait être l’homme le plus banal ?… Tout l’enjeu du roman consiste à dénouer l’amas de fils et à trouver LA pièce maîtresse du puzzle, celle qui dévoilera le fin mot de cette sordide affaire.
Parallèlement, Erika mène un travail pour son nouveau livre et visite une femme internée, Laïla, dont la famille a subi un drame terrible. Laïla intrigue…. Cette femme refuse de se livrer. Mais que cache-t-elle donc ? Que s’est-il réellement passé dans sa famille. Et si le passé interférait avec le présent ? Et si tout était lié ? Mais comment donc ?
La narration est extrêmement efficace, le style est fluide. L’auteur a un réel don pour ménager le suspense ! Les différents fils de l’histoire s’entrecroisent en permanence : nous suivons les tâtonnements et les avancées de la police ; les hésitations, les doutes, les découragements d’Erika mais aussi ceux de son mari ; l’histoire de Laïla nous est confiée au compte-goutte entre analepses et déductions d’Erika
Enfin, la chute du roman ouvre encore de nouveaux horizons au lecteur : promesse de suites savoureuses et source de surprises, elle est parfaite !
Vous l’avez compris, Le Dompteur de lion est un excellent roman : savoureux, extrêmement bien construit, touchant aussi -via la vie personnelle des personnages principaux-. Le lecteur est emporté dans la valse de l’histoire, happé par cette énigme autour de Laïla et du mystérieux tueur. C’est un vrai coup de cœur!