J’ai reçu cette bande dessinée dans le cadre d’une masse critique Babelio et j’étais plutôt contente de pouvoir découvrir un nouvel univers. La quatrième de couverture aiguise l’appétit et donne envie de plonger entre les pages.
Des temps sombres et tumultueux sont en marche… Au pays d’Arvège, le prince Mo Lonsouffre constitue une armée. Le roi Nacar du Royaume d’Andranor ayant disparu, Mo réclame le trône après avoir été banni avec sa mère. Les croyances racontent qu’il serait né avec un seul œil rouge fruit d’une liaison adultère entre Sodamée, la première épouse du Roi Nacar, et un démon des profondeurs, mais la réalité est toute autre. La reine d’Andranor pense que le temps aux Alliances est venu pour faire front et cacher ses lourds secrets. Ainsi le Prince-Chevalier Loumaye de Lure est en visite officielle pour rencontrer la Princesse Irinelle. Mais Irinelle est plus Guerrière que Princesse et loin d’être prêtre à se marier. Sans l’accord de sa mère, la reine, accompagné malgré elle de son prétendant et de son maître d’arme, elle entreprend de partir à la rencontre de Mo, son demi-frère…
L’univers de cette bande dessinée est intéressant. J’ai beaucoup aimé détailler les animaux imaginés par les auteurs, chercher des ressemblances avec des animaux connus, faire résonner les noms donnés à ces espèces nouvelles : les styrèles sont des oiseaux étonnants, mais mon petit coup de cœur revient aux fioches. Autant le nom ne me plaît pas, autant l’animal aux caractéristiques félines me séduit. Les ploutres sont, quant à elles, des créatures intriguantes. Ni vraiment humaines, ni tout à fait animales, elles côtoient les hommes et l’un d’entre eux semble très particulier. En effet, Ciferno paraît doté de capacités hors normes, d’une préscience ou d’un don de voyance. Il sème sur son chemin des indices qui pourraient bien être capitaux dans le conflit qui se prépare.
Le grand absent de ce tome est Mo Lonsouffre dont nous entendons parler à moult reprises, avec différents points de vue allant de la franche colère au mépris total en passant par la défense et l’adhésion. Nous ne savons rien de lui, et beaucoup de choses en même temps. Je suis terriblement frustrée de ne pas avoir vu Mo, de ne pas connaître ce fameux secret que Ciferno détient. Mo est donc une ombre puissante, insaisissable qui met le lecteur en appétit et donne envie de lire la suite.
Les autres personnages sont bien campés, mais peut être un peu trop monolithiques pour moi. La jeune princesse Irinelle est impulsive et imbue d’elle-même, elle a le mépris facile et reste sur ses positions, sûre de sa position, de ses droits et convaincue qu’on lui a toujours raconté la vérité. Elle est exaspérante par ses attitudes puériles et excessives, mais d’une certaines façon, le courage ne lui fait pas défaut. Je pense que c’est un personnage qui gagnera à évoluer, à grandir au fil de ses aventures… et des aventures, elle s’apprête à en vivre! Elle n’imagine pas ce dans quoi elle s’est lancée et elle sous-estime certainement les embûches qui l’attendent. Les traits qui lui prêtent le dessinateur soulignent sa jeunesse, sa détermination, son audace mais aussi son caractère emporté et lunatique. Cela correspond parfaitement à ce qui transparaît de ses actes et de ses gestes. Sa mère, la reine, laisse une impression désagréable. En fait, en la découvrant, j’ai eu le sentiment d’être face à une réécriture de la méchante belle-mère de Blanche Neige. Je trouve intéressant de voir comment mon esprit a construit des ponts. Cette reine est à la fois violente par ses actes et ses propos, dissimulatrice et déterminée à assurer son propre pouvoir, à sauvegarder ses intérêts et ceux de sa fille. D’une certaine façon, elle est une excellente stratège et elle est très certainement une femme dotée d’une belle lucidité quant au monde politique.
Ainsi, cette bande dessinée est intéressante, elle a su éveiller mon appétit de lectrice. Pour autant, je reste un peu sur ma faim, ce tome contient beaucoup de promesses et apporte peu de réponses, si bien que je me sens quelque peu frustrée d’être arrivée au terme de ce volume et d’en savoir si peu. Une jolie découverte mais au goût de trop peu. Affaire à suivre, qui sait? Je lirai sans doute la suite bientôt!
Les Rêveries d'Isis 