
De Catherine Cooper, j’avais déjà lu Le Chalet et la Croisière que j’avais aimés. Je n’ai pas beaucoup hésité en apercevant Le Lagon : la couverture invite au voyage tout en instaurant une tension par les contrastes de couleurs, c’était pour moi la promesse d’un moment de détente au milieu d’un quotidien de jeune maman débordée.
La 4e de couverture est alléchante : des journalistes et des influenceurs sont conviés aux Maldives, dans un hôtel de luxe que dirigent Henry et Ophelia : plongée, sorties en quad, baignades et dîner gastronomiques… tout est censé être parfait. Mais un premier corps apparaît, une tempête survient. Le drame commence.
Dans ce roman, deux temporalités alternent. D’une part, le moment présent, le monde actuel dans lequel nous découvrons un hôtel de luxe lors d’un voyage inaugural et promotionnel. 1990 d’autre part, le quotidien d’adolescents aisés, organisant des soirées mêlant élite fortunée et camarades de classe boursiers, des soirées où l’alcool et autres transgressions coulent à flot, des soirées propres à amener leur lot de soucis et de drames. Nous découvrons plusieurs personnages qui auront un rôle à jouer, nous nous doutons bien que nous les recroiserons plus tard dans le récit. Cette forme n’est ni nouvelle ni originale, mais elle a le mérite d’être efficace et de piquer notre curiosité. Certains personnages sont très vite identifiables dans les deux temporalités, pour d’autres, les contours sont plus évanescents et cela contribue au plaisir de la lecture.
J’ai apprécié la galerie des personnages. Tous ont un petit quelque chose qui nous pousse à nous interroger sur eux. L’un incarne le rustaud désagréable, l’autre la gentille demoiselle un peu naïve, la fille de riches orgueilleuse, le beau gosse un peu trop lisse… Je me suis longtemps posé des questions sur l’une de nos influenceurs, elle était presque trop ordinaire par rapport aux autres, jusqu’à ce que le détail clef apparaisse. Pour être tout à fait honnête, il y a un petit fond de romance qui se dessine dans un angle mort qui, pour moi, n’apporte pas grand chose : il ne contribue pas au fil principal du récit et n’est pas assez développé pour permettre d’humaniser pleinement les personnages, mais concrètement, je chipote sans doute un peu. Disons que cela n’enlève rien mais que cela n’ajoute rien. De manière générale, cette galerie de personnages est efficace car, très vite, on prend position : on déteste l’un, l’autre nous agace, l’une nous indiffère et nous paraît peu intéressante. Les profils sont suffisamment différents et précis pour faire mouche.
Pour ce qui est du lien entre les deux temporalités et des révélations sous les personnages, il n’y a rien de bien neuf. La structure en huis clos, la vengeance liée au passé, les révélations, les turpitudes humaines… tout cela n’a rien de bien original, mais pour autant ça marche. Le lecteur passe un bon moment, même s’il pressent certains secrets et certaines parties de l’issue. Pour ceux qui auraient déjà lu Le Chalet, ou La Croisière, vous retrouverez un schéma commun. L’autrice conserve une structure qui a fait ses preuves. Pourquoi pas, pour certains, ce serait rédhibitoire, pour moi non… tant que ce n’est pas le cas sur quatre ou cinq romans d’affilé. J’attends donc de voir sa prochaine parution.
Ainsi, Le Lagon est un huis clos efficace même s’il n’est pas diablement original : tension, chausses trappes, faux semblants, vengeance et meurtres sont bien présents. L’idyllique voyage devient une périlleuse entreprise où chacun risque gros tant qu’il n’a pas compris qui tirait réellement les ficelles. L’écriture nous emporte vers les révélations et, sans nous en rendre compte, nous sommes arrivés au bout, satisfaits et repus. Un bon roman, donc, avec lequel passer un bel été entre repos et découvertes.