La cuisine des ogres, Trois fois morte. Fabien Vehlmann & Jean Baptiste Andreae.

Cette bande dessinée m’a intriguée lorque je l’ai vue passer sur les réseaux. La couverture est assez énigmatique, ce nom « trois fois morte » aussi. Une recommandation d’une personne que j’apprécie… il ne m’en a pas fallu plus pour avoir envie de me plonger dedans. La naissance de ma fille et la difficulté à bercer bébé et à tenir un gros pavé dans les mains ont été l’excuse parfaite pour sortir ce volume de ma bibliothèque.

Cette bande dessinée nous présente des orphelins au destin singulier. Enlevés par le croque-mitaine, emportés jusqu’à la Dent du chat, ils atterrissent dans la Cuisine des ogres, un lieu réputé où les ogres cuisinent des plats étranges, et souvent à base de chair d’enfant. La question de leur survie devient cruciale : tous ne parviendront pas au bout de l’aventure.

J’ai tout d’abord été séduite par les graphismes. L’univers est très beau, on y trouve une multitude de choses : de multiples figures d’ogres, toutes plus ou moins monstrueuses, parfois mâtinées de sorcière; des lieux insolites et inédits aux sonorités étonnantes et évocatrices, des personnages hauts en couleurs que ce soit des animaux traités par anthropomorphisme, des humains, des squelettes, des personnnages mythologiques comme le Minotaure ou un étrange Sénéchal qui a des accents de Chat botté. J’ai aimé découvrir, explorer, m’extasier ou trembler aux côtés de la Blanchette, j’ai été tout à fait dépaysée.

J’ai aimé aussi l’originalité du récit : la rivalité entre les ogres au sein de la cuisine pour avoir les faveurs du maître et recueillir les suffrages des clients, la figure du croque-mitaine, caché sous sa cape, figure inquiétante aux allures d’araignée ou d’échassier, qui tisse lentement sa toile pour attirer, capturer et revendre les enfants. Si la symbolique de sa représentation me plaît, l’évolution du personnage me séduit encore plus. Au début, il est terrifiant, c’est un adversaire – ni plu, ni moins – par la suite, il semble reconnaître les qualités de notre héroïne et salue son inventivité pour devenir à la fin un allié non négligeable. J’ai déjà hâte de voir comment cela évolue dans une suite que j’appelle de mes voeux.

L’héroïne – la Blanchette- aussi nommée Trois fois morte- me plaît particulièrement. Elle est singulière par son destin, par sa détermination, par son dévouement et par sa capacité à accepter l’horreur, à la faire sienne, à la travailler à bras le corps pour transformer son destin. Elle a une résilience rare, elle ne se décourage pas, elle sait trouver la force en elle, s’épauler sur les autres mais aussi les épargner et leur offrir des portes de sortie honorables quand c’est nécessaire.

Le duo, ou plutôt l’affrontement Ogre Beauregret – Trois fois morte est des plus savoureux. Entre le géant cruel et la demoiselle déterminée, rien n’est simple, l’équilibre est mince et fragile. Plus d’une fois le lecteur tremble devant la témérité de la jeune fille, craint pour sa sécurité et salue son audace. Elle arrive à ses fins, tout en ménageant les monstres, elles fait preuve d’une finesse d’esprit et d’une sagacité rare, offrant au lecteur de beaux rebondissements.

Ainsi, j’ai adoré ma lecture. La Cuisine des ogres est une bande dessinée saisissante, originale, belle à regarder et savoureuse à lire. Je recommande.

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