La Boîte à magie, Camilla Läckberg, Henrik Fexeus.

J’aime beaucoup les romans de Camilla Läckberg, mais je les boudais depuis ses derniers opus dont le style ne me correspondait pas. Si je suis la première à le regretter, je n’ai vraiment pas pu accrocher. Aussi, lorsque j’ai vu qu’elle avait écrit un livre à quatre mains avec Henrik Fexeus, je me suis prise à espérer que le style de ce roman me conviendrait davantage. Pari gagné.

Dans La Boîte à magie, des meurtres défrayent l’entendement : des tours de magie sont dévoyés et l’illusion est brisée, conduisant à la mort des assistants à qui on l’impose. Une cellule d’enquêteurs spécifique se voit attribuer l’enquête et face à l’originalité de la mission, ils font appel à un intervenant extérieur, un magicien, plus à même d’analyser les subtilités des scènes de crime.

Il faut reconnaître tout d’abord que ce roman est un joli pavé. Il faut du temps pour laisser l’histoire se déployer et montrer toutes ses ramifications. Une fois arrivé au terme, lorsque nous avons pris connaissance des tenants et des aboutissants, il faut reconnaître que le montage romanesque est précis et amorce bien en amont des révélations faites à la toute fin exclusivement. Il y a là un savant travail de construction qui vient souffler le lecteur et qui contribue au plaisir pris à lire. En revanche, certains passages sont un peu longs, certains atermoiements auraient pu peut être être raccourcis. Il y a quelques moments où je me suis demandée où m’amèneraient certains fils, sans pour autant que cela ne freine mon envie de lire.

La chute du roman est très intéressante. Elle est théâtrale et spectaculaire, parfaitement en osmose avec le thème du livre et elle constitue donc un véritable point d’orgue. J’ai beaucoup aimé cela. Les toutes dernières pages ouvrent vers un après et laissent à penser qu’un deuxième volet des aventures de nos héros est possible, sans obliger à aller lire la suite pour avoir un récit complet. Il me semble d’ailleurs que le deuxième volet est déjà sorti.

Qui dit roman aussi dense, dit galerie de personnages impressionnante. Effectivement, au cours de leur enquête, nos policiers rencontrent beaucoup de monde, à quoi s’ajoute la famille de Vincent – le magicien intervenant dans l’enquête-, les gens que les enquêteurs côtoient dans leur vie privée, les vagues connaissances, les spécialistes divers interrogés. Certains de ces personnages servent à créer un arrière-plan vraisemblable, à humaniser nos héros, d’autres au contraire attendent dans l’ombre que leur importance éclate au grand jour. Attention aux faux-semblants! Il faut se méfier de l’eau qui dort. Ainsi, le lecteur ne sait pas vraiment à quoi s’attendre et le doute est parfaitement entretenu.

Les personnages clefs sont bien développés, leur personnalité est travaillée en finesse pour leur donner de la vraisemblance et pour les rendre attachants, agaçants, intriguants selon les cas. Cependant, d’autres personnages sont un peu plus caricaturaux : le jeune père de triplés épuisé qui dort littéralement au travail sous l’oeil attendri de ses collègues me paraît assez peu crédible ; Ruben, le misogyne – macho est lui aussi un peu grossier, Mina et ses TOC paraît dans l’excès total aussi. Si je ne suis pas convaincue par ces figures, je pense que c’est un parti pris des auteurs, réellement fait exprès, pour constituer une équipe d’enquêteurs haute en couleurs, hors normes, une équipe avec des personnes cabossées par la vie qui vont pouvoir évoluer au fil des pages.

Ainsi, je suis très contente de ma découverte. Déçue par les précédents opus de Camilla Läckberg, je redoutais autant que je désirais lire celui-ci écrit à quatre mains. Je retiendrai une enquête tortueuse, avec une chute délicieusement amenée, des personnages torturés aux personnalités travaillées – même s’ils tombent parfois dans l’excès. Cela a été une lecture savoureuse. Je pense que je lirai la suite.

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