La Croisière, Catherine Cooper.

Il y a peu, j’ai lu Le Chalet de la même autrice. Si j’avais mis longtemps à me plonger dans l’oeuvre, je ne l’avais pas regretté, alors je n’ai pas trop hésité à embarquer sur La Croisière !

Ce roman se déroule sur l’Immanis, un paquebot de luxe qui sillonne la mer des Caraïbes. Mais, un jour, Lola, la danseuse vedette disparaît, quelques temps plus tard, c’est au tour d’un technicien de maintenance. Voilà de quoi animer les conversations et attiser toutes les plus folles spéculations…

Ce roman est construit de manière à conserver le suspense. Les chapitres alternent, nous présentant le récit selon le point de vue de différents personnages, et variant les époques aussi. Cela permet à l’autrice de nous livrer des vérités partielles que nous devons réassembler patiemment, de brouiller les pistes également car il nous faut du temps pour faire coïncider le passé et le présent des personnages. Chaque être sur ce bateau a une fêlure, un secret plus ou moins lourd, plus ou moins sordide si bien que tous deviennent suspect ou tout du moins, intriguant.

Je suis un peu embêtée avec ces personnages parce que je ne me suis attachée à aucun. Laura est une adolescente ingénue désespérante et le lecteur voit très vite arriver ses ennuis, Karen est touchante – mais elle aussi se montre maladroite, Alice est un personnage intéressant mais il n’est pas assez dense à mon goût, Jesse est le seul que j’ai trouvé saisissant et que j’ai plaint sans réserve ; il se dévoue pour sa soeur, il l’accompagne, il porte sur ses épaules le poids du monde et bien plus que ce qu’il devrait porter. Je trouve l’autrice bien cruelle en laissant d’autres faire passer leurs intérêts d’abord. Jesse m’a réellement peinée.

Dans ce roman, la tension est palpable de bout en bout. Nous attendons longtemps de savoir ce qui est arrivé à Lola, lorsque la tension est à son comble, une digression nous amène à une autre époque, suivre quelqu’un d’autre. Il nous faut alors être bien attentif pour saisir les liens dissimulés. Plusieurs personnages se retrouvent avec des destins en attente : des indices nous laissent supposer un nouveau départ, une vie différente, des promesses d’avenir, et nous sommes dans l’expectative. Nous espérons découvrir leurs projets, mais des revers les affectent, des changements de plan, des révélations. Ainsi, dans ce roman, le lecteur ne peut jamais rien tenir pour acquis. Tout est en mouvement continuel, en mutation et lecteur comme personnages sont obligés de suivre la marée… quitte à être emportés.

La chute du récit me laisse dubitative. Je comprends les motivations des êtres, mais cela me laisse un goût amer, je trouve que certains sont bien peu humains avec les autres et ont la revanche facile. Ainsi, je ne suis pas vraiment déçue mais pas non plus emballée par l’issue. En revanche, j’ai été surprise, estomaquée et aussi révulsée, il faut le reconnaître.

La Croisière est donc un récit qui tient ses promesses : le suspense est bien présent, il nous étreint et ne nous lâche plus, les personnages ont des secrets qui sont révélés et, comme des dominos qui s’abattraient en cascade, ils nous emportent tous vers l’inexorable catastrophe… une catastrophe que nous voyons naître, impuissants, et dont nous sommes les spectateurs (outrés – pour ma part). Je vous laisse embarquer et savourer cette croisière un peu trop tumultueuse.

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