Qaanaaq, Mo Malø.

MoMalo-2    J’ai beaucoup vu passer Qaanaaq sur bookstagram, et les chroniques étaient toujours très positives, ça m’a donné envie de le découvrir, alors lorsque je l’ai trouvé en poche, je n’ai pas hésité une seconde, d’autant qu’un polar se déroulant dans le Grand Nord avait tout pour me plaire, sur le papier.

       Ce polar se déroule au Groenland: Qaanaaq Adriensen,qui a été adopté à l’âge de trois ans, retourne sur ses terres natales.  Il doit enquêter sur des meurtres particulièrement violents et épauler la police locale. En effet, quatre employés d’une plateforme pétrolière ont été sauvagement assassinés, comme si un ours les avait dévorés. Pourtant cette thèse est bientôt contredite pas quelques indices.

      L’atmosphère de ce roman est singulière : dans les vastes étendues enneigées, là où l’hiver semble ne jamais prendre fin, le temps est suspendu. Tout se déroule lentement, les heures s’égrènent, comme l’enquête, dans une longue attente parsemée d’indices, de faux départ et de déroutes. Cette temporalité est assez surprenante et confère une rythmique particulière. Tout est lent dans ce roman, et pendant un très long laps de temps, il ne semble y avoir aucune issue à l’enquête, qui finit sans cesse dans des culs-de sac. Cette enquête est encore ralentie par de nombreuses pauses narratives et des digressions autour du Groenland, de ses us et coutumes. En soi, c’est quelque chose que j’aime beaucoup la plupart du temps, mais étonnamment, cette fois-ci, j’ai trouvé une réelle pesanteur au récit. Si j’en comprends l’intérêt narratif ( une chape de neige qui oppresse, mimée ainsi par la rythmique), elle m’a un peu essoufflée à la longue.

      Je me suis sentie frustrée également de ne pas réussir à me projeter, à imaginer, à essayer de trouver moi-même le coupable. Le réseau entre les personnages est dense et hermétique et il ne permet pas d’avoir une vue d’ensemble. Les relations entre les personnages est un vraie pelote inextricable, renforcée par les liens d’une petite communauté, et par la froideur opposée à l’étranger, au Danois. En plus, les questions d’argent et de politique liées à l’exploitation du pétrole, au refus de l’Autre innerve le roman et parachève cette masse compacte qui fait barrière. Cela met Qaanaaq en déroute, puisqu’il ne sait pas à qui se fier, chacun semblant cacher des secrets, mais cela m’a aussi mise en déroute parce que finalement, je me suis sentie complètement en dehors de la communauté.

      Les personnages ici ne m’ont – malheureusement – pas emballée. Ils sont intéressants, bien sûr. J’aime la figure d’Apputiki, personnage haut en couleurs, partagé entre sa fonction et ses traditions. Il gagne à être connu, et de page en page, il se révèle. Qaanaaq est aussi une figure un peu hors norme. Issu d’une famille mi-inuite, mi-danoise, il part aussi à la découverte de ses racines dans ce roman, et ce qu’il découvrira pourrait bien l’ébranler. C’est un personnage partagé, animé de failles béantes, et pourtant, je n’ai pas eu de sympathie pour lui, ce qui est rare. Il recouvre ses émotions d’un voile de dureté, qui me l’a rendu lointain, et je le regrette.

       Pour autant, j’ai adoré la chute et les révélations. Elles sont savoureuses, percutantes, elles clôturent à merveille le récit et donnent une vraie profondeur au roman. Les liens entre les coupables sont très finement amenés, et lorsqu’on nous dit enfin tout, nous réalisons que nous étions passés à côté de ces détails qui auraient dû nous mettre la puce à l’oreille, tant le froid polaire nous a engourdi l’esprit.

      Ainsi, c’est une lecture en demi-teinte, à mon grand dam. J’ai profondément aimé la chute et l’effet stylistique qui allie le gel de l’islandis à la progression de notre lecture est vraiment intéressante. Pour autant, je ne suis pas subjuguée, il y a eu des lenteurs qui, alliées au peu d’empathie que j’ai ressenti pour les personnages, m’ont refroidie. 

2 réponses sur « Qaanaaq, Mo Malø. »

    1. Oui, j’étais hyper déçue de ne pas accrocher ! Je pense que j’essaierai un autre de ses romans, peut être que j’accrocherai plus, une autre fois… C’était peut être une question de timing.

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