A même la peau, Lisa Gardner.

À même la peau par Gardner      J’ai reçu ce roman de la rentrée littéraire de janvier dans le cadre d’une masse critique Babelio, et j’étais absolument enchantée de faire partie des petits chanceux à pouvoir dévorer ce roman avant tout le monde.

     L’intrigue annoncée est celle-ci : Adeline est la fille d’un tueur en série, adoptée par un médecin, elle jouit d’une vie normale si ce n’est ses visites à sa sœur en prison et son analgésie congénitale, comprenez qu’elle ne sent aucune douleur. Alors que des meurtres similaires à ceux du père d’Adeline défraient la chronique, l’inspectrice DD Warren enquête et se trouve blessée sur une scène de crime. Le jeu du chat et de la souris entre enquêteurs et meurtrier peut commencer.

    Je commencerai par vous parler de l’étonnant début de ce roman. Nous voyons D.D. déambuler sur la scène de crime dont nous ignorons tout, nous assistons à sa blessure, puis nous découvrons le personnage d’Adeline. Le passage entre ces deux éléments nous est présenté sans lien, sans aide à la lecture, et, à titre personnel, cela a attisé ma curiosité.

     J’ai apprécié le fait que le personnage de D.D. Warren ressemble ici à un oiseau blessé, nous sortons du rôle du simple enquêteur – parfait ou non- pour trouver une femme entière, blessée qui enrage de se sentir impuissante. Elle jure comme un charretier, en veut au monde entier, et surtout à elle-même de ne pas pouvoir en faire plus. Malgré cela, nous avons une enquêtrice assez masculine, un peu brut de décoffrage et j’aurais aimé qu’elle soit plus fine, peut être. Cependant, le contraste avec son mari est savoureux, plus posé, plus calme, ils forment à eux d’eux un équilibre d’enquêteurs. Alors bien entendu, les autres membres de la police sont plus discrets et attirent moins les lumières, mais leur rôle reste intéressant.

      En réalité, les deux personnages clefs ici sont D.D. et Adeline, auxquelles s’ajoutent ceux qui gravitent autour d’elles : Shana, la sœur criminelle, le mari de D.D., le journaliste fasciné par Shana et une foule de seconds rôles dont les révélations infléchissent l’enquête et nos suppositions. Adeline est un personnage intéressant aussi, tissé de contradictions, elle se débat entre le poids d’un héritage familial refusé mais pesant et la rationalité scientifique dans laquelle elle a grandi. Si elle semble au début froide, ses fêlures n’en apparaissent que mieux et la souffrance d’une vie qu’on ne vit pas pleinement se dessine entre les pages. En cela, elle est touchante.

        Cette enquête est lente. Le tueur à la rose fait tourner les enquêteurs en bourrique et les nargue. Doté d’une confiance en lui étonnante, il nous entraîne nous aussi sur des fausses-pistes. Certains chapitres lui sont d’ailleurs entièrement dédiés et nous permettent de plonger dans sa psyché. Je dois avouer que j’ai beaucoup aimé cette figure de tueur. Le meurtrier est ici un être complexe et étonnant, nous ne prenons d’ailleurs la pleine mesure de la monstruosité de ses actes que dans les dernières pages. L’autrice a réussi à m’induire en erreur. Si j’ai un temps suspecté le vrai tueur, j’ai bientôt balayé d’un revers de main cette possibilité. Autant dire que la révélation, à la fin, n’en a été que plus savoureuse! Quel plaisir de se faire berner! La chute du roman m’a également surprise. Je ne m’attendais pas à ce final.

      Ainsi, je suis conquise par ce nouveau roman de Lisa Gardner : une intrigue bien ficelée, une narration fluide, des personnages hors normes et une fin savoureuse. Je n’en demandais pas plus! C’est une très bonne lecture. 

 

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